Un Russe de plus, pourrait-on dire. Et il vrai que, originaire de Kazan et diplômé du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, Roustem Saitkoulov n'a pas effectué un parcours spécialement original. A trente-deux ans, il vient simplement côtoyer ses contemporains et compatriotes les plus en vue, les Kissin, Luganski ou Volodos.

De Kissin, qui reste un cas à part, il n'a certes ni la précocité ni la fulgurance. De Volodos, il n'a pas la technique de type « marteau-piqueur Â» impressionnante dans un certain répertoire, mais dont on touche vite les limites. Il aurait plutôt l'équilibre et le romantisme poétique d'un Luganski, malgré un programme axé sur la virtuosité. Et c'est justement le supplément d'âme qu'il apporte à des pages qui pourraient n'être que pyrotechnie qui retient l'attention.

Peut-être le jeune Russe abuse-t-il de la pédale dans les Etudes op. 25 de Chopin, mais c'est aussi une manière d'en atténuer les aspects strictement virtuoses en les rapprochant d'un chant plus continu, plus orchestral. Et l'on voit très bien avec la netteté des Etudes de Prokofiev ou de Stravinski que ce n'est nullement une habitude permanente. Comme toute la nouvelle génération, Roustem Saïtoulov a des doigts infaillibles, mais il a aussi une pensée musicale et une sensibilité qui font que ce qu'il nous dit nous concerne, nous touche.

Et puis, le choix de ces études est inhabituel et fort astucieux car il montre comment un même souci de démonstration technique peut aboutir à des résultats très différents et surtout permettre de créer mille climats émotionnels. Une personnalité à suivre.