A tout juste vingt-cinq ans, ce pianiste macédonien affirme d'emblée une forte personnalité en tous domaines. Ce très beau programme de musique russe met en valeur aussi bien ses qualités de technicien que sa sensibilité et la clarté de son approche des différents styles. La suite de concert de Casse Noisette dans la transcription de Mikhail Pletnev, la Cinquième sonate op. 53 de Scriabine, trois mouvements de Petrouchka de Stravinski et la Sixième sonate de Prokofiev lui permettent de montrer la force et la virtuosité d'un jeu qui ne flirte jamais avec les effets inutiles, mais qui sonne à la manière du grand piano romantique, ample, coloré, généreux, débordant de couleurs et de belles sonorités.

Il y a là un rapport magnifique au clavier, sans la dureté d'une certaine école de l'est, mais avec l'enthousiasme d'une jeunesse déjà riche d'expérience intérieure. Bien sûr, ce programme est plus de nature purement digitale que métaphysique, mais il n'y a aucune raison que des doigts tour à tour aussi puissants et aussi sensibles, capables de multiplier les couleurs et les nuances de cette manière, ne soient pas tout aussi à l'aise dans un répertoire plus intellectuel, ou faisant appel aussi à une sensibilité un peu différente.

En tout cas, tel quel, ce disque est un vrai régal pour tout amateur de piano.