Transcriptions d'opéras de Mozart pour instruments à vent

Le kitsch qui se dégage indubitablement des photos qui égaient le livret – les musiciens revêtus de costumes d'époque dignes du Rondo Veneziano – est en soi une profession de foi : ce disque vise manifestement à donner à l'auditeur autant de plaisir que les vents de l'ensemble Zefiro ont eu à le graver. Et de fait, les transcriptions atteignent largement leur but. Le hautboïste italien Alfredo Bernardini se réclame des transcriptions en vigueur à l'époque de Mozart, cite celle fameuse de la Flûte enchantée et prend comme modèle sonore les effectifs requis par la Gran Partita. De fait encore, la mission est accomplie si l'on considère la beauté sonore obtenue.

C'est que les anches réunis ici sont des musiciens de première force. Citons simplement les « anciens », qui ont déjà fait amplement leur preuve au sein de formations tels que celles de Jordi Savall, Sigiswald Kuijken ou Frans Bruggen : le chef de l'ensemble lui-même, les frères Grazzi (Paolo au hautbois et Alberto au basson), ou encore Josep Borras lui aussi au basson, ont participé d'une manière ou d'une autre aux grandes aventures baroques de ces quinze dernières années, certains des souffleurs convoqués ici officiant par ailleurs à l'Orchestre des Champs-Élysées ou à La Chambre Philharmonique. Ce n'est pas peu dire que l'on avait rarement entendu si belle plastique depuis précisément la Gran Partita de Frans Bruggen et de sa légendaire harmonie.

Le Nozze di Figaro, Così fan tutte et Don Giovanni bénéficient ici d'une attention minutieuse, les airs célèbres n'étant pas forcément ceux sélectionnés par Alfredo Bernardini. Il va sans dire que c'est Don Giovanni qui pose le plus de problème, notamment dans une Ouverture où la dialectique cordes-vents est si importante, que la transcription ne restitue pas tout à fait – on se rend pleinement compte de l'aspect visionnaire de l'écriture mozartienne dans ce chef-d'oeuvre si particulier.

Pour le reste, tout n'est que plaisir : en premier les ouvertures des Nozze et de Cosi à la vivacité époustouflante, plaisir à peine diminué par les acidités des hautbois, délivrées volontairement, mais qui pourront gêner certains auditeurs. Et entendre les musiciens battre du pied pour restituer les fracas d'une marche militaire – Belle vita militar naturellement – vaut largement qu'on s'arrête sur cette gravure.