Puccini : Grands airs d'opéras

Ce n'est pas une découverte. Angela Gheorghiu est l'une des plus belles voix de soprano de la génération qui fait carrière actuellement. La qualité du timbre, l'égalité de l'émission sur toute la tessiture, le rayonnement de la matière vocale elle-même sont de nature à transporter les foules. Ce qui est le cas dans le monde entier. Avec un physique de star de cinéma, la cantatrice roumaine est en outre l'une des seules à perpétuer le mythe de la diva assoluta, même si elle ne peut s'aventurer dans tous les répertoires. Or, on le sait également, Puccini lui convient particulièrement bien, tout comme certains Verdi et certains opéras français.

Alors, on chercherait en vain sur ce CD quel est l'air ou le personnage qui ne semble pas fait pour elle. Même le redoutable In questa reggia de Turandot est surmonté sans problème. Butterfly, Mimi, Liù, La Fanciulla, Suor Agelica et naturellement les airs d'Edgar, de la Rondine, de Manon Lescaut, des Villi, le Vissi d'arte donné en bonus sur un deuxième CD, tout cela semble écrit pour elle tant la voix se place naturellement, avec charme et éclat.

Que manque-t-il donc pour que ce disque soit vraiment un disque culte ? Peu aidée par l'orchestre en ce domaine, Angela Gheorghiu a du mal à différencier ses héroïnes, à trouver ce qui, dans la couleur vocale, dans le phrasé ou même dans la manière de prononcer le texte, permettrait de distinguer la grisette de la grande amoureuse par exemple. Certes, toutes ces femmes souffrantes ou implorantes se ressemblent, mais avec de tels moyens naturels, quel dommage de ne pas trouver l'intonation ou la nuance, si subtile soit-elle, qui permettrait de ne pas avoir la sensation d'entendre toujours la même musique, ou presque !

Et avec une chanteuse aussi douée qu'Angela Gheorghiu, comment de pas être de la plus totale exigeance ?