Elle était très amie avec Elisabeth Schwarzkopf, et elle reconnaît d'ailleurs qu'elle reçut son aide à ses débuts. Christa Ludwig aborde pourtant l'art du Lied avec une personnalité toute différente. D'abord, il y a le timbre, qui plus sombre, apporte d'emblée des couleurs ambrées irrésistibles à tout ce qu'a chanté cette immense artiste. Et puis, il y a une sorte d'évidence naturelle proche de la parole, qui curieusement aboutit à une intensité émotive aussi forte que celle obtenue par Schwarzkopf par des procédés absolument différents.

Les comparaisons sont faciles puisqu'ici leur répertoire se chevauche sur de grands titres comme An die Musik, Der Musensohn, Ganymed, Auf dem Wasser zu singen, Gretchen am Spinnrade et quelques autres merveilles. Quelle intelligence du phrasé, quelle fabuleuse manière de contrôler le souffle et la structure du mot sans que jamais la qualité du son n'en pâtisse !

On trouve même sur cette anthologie un grisant Pâtre sur le rocher, apanage habituel des voix aiguës. Mais dès que Ludwig ouvre la bouche, on ne se pose plus ce genre de question. On plane !