Lamento
Johann Christoph Bach
Ach, dass ich Wasser g'nug hätte
Francesco Bartolomeo Conti
Languet anima mea
Johann Sebastian Bach
Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust
Bekennen will ich seinen Namen
Carl Philipp Emanuel Bach
Selma
Johann Christoph Friedrich Bach
Die Amerikanerin
Magdalena Kožena, mezzo-soprano
Musica Antiqua Köln
direction : Reinhard Goebel
1 CD DGG-Archiv 00289 474 1942
Depuis son premier enregistrement Bach, la mezzo slovaque a eu maintes occasions de briller au disque, faisant apprécier une versatilité que lui permet une longueur de tessiture étonnante, jusqu'à une Cléopâtre du haendélien Giulio Cesare dans laquelle elle se confronte franchement avec une tessiture de soprano qu'elle avait auparavant tutoyée à plusieurs reprises. C'est encore une fois l'étendue de la voix que le présent Lamento met en valeur d'emblée – sans compter la rareté des pièces choisies, un autre atout de cette nouveauté, qui puise dans la légendaire bibliothèque de la famille Bach.
Kožena paraît un peu contrainte par la profondeur – au sens vocal – du Ach, dass ich Wassers g'nug hätte, où la densité de l'écriture pour cordes – pas moins de trois altos – forme un écrin somptueusement expressif, mais qui demande à la voix une puissance dans le grave qu'elle n'a pas forcément : on peut préférer ici un Carlos Mena plus « rustique », mais aussi plus à l'aise – CD De Aeternitate chez Mirare, où le Ricercar Consort offre en outre un accompagnement plus concerné. Ensuite, c'est la brusque illumination d'une tessiture de soprano – la cantate Languet anima mea de Francesco Bartolomeo Conti – dans laquelle, par contraste brutal, on a presque l'impression d'entendre une autre chanteuse !
Pour le reste, Kožena se promène dans un jardin de délices où sa voix de mezzo se déploie sans heurt. La technique est évidemment sans faille – des trilles parfaitement en place dans le Conti et dans la Cantate BWV 170 de Bach, dans laquelle le miel vocal fait merveille –, l'engagement toujours aussi immédiat et la tenue musicale irréprochable. Dommage que le Musica Antiqua Köln reste un peu mécanique – avec cependant une justesse qui est loin d'être le point fort des Allemands en concert : on trouve bien cette pulsation rythmique si particulière, certains effets sonores d'un impact indéniable, mais on aurait souhaité aussi d'une souplesse à la hauteur de celle de Kožena.
Nulle question cependant de bouder ce récital de l'une des chanteuses les plus intéressantes et audacieuses du moment.
| |
|