Le legs symphonique de Furtwängler à Salzbourg
Le 30 novembre 1954 disparaissait à Baden-Baden Wilhelm Furtwängler, soixante-huit ans, alors au sommet de sa gloire et de son génie, un an tout juste avant les débuts de la généralisation de la stéréophonie. Peu attiré par le studio et ses montages artificiels, Furtwängler était de la race des chefs de concert, et c'est dans les bandes pirates ou radiophoniques que se trouve la substantifique moelle de son art. Depuis cinquante ans, des passionnés du monde entier s'affairent à honorer sa mémoire, particulièrement dans de très actives Sociétés Furtwängler, dont les plus célèbres sont celles d'Allemagne, des Etats-Unis et de France, qui publient régulièrement et dans des prises de son immaculées les plus grands témoignages du chef d'orchestre.
Sous la direction de l'Autrichien Gottfried Kraus, Orfeo édite depuis plus de dix ans et de manière officielle les archives radiophoniques du Festival de Salzbourg, et se devait de rendre disponible dans des conditions sonores optimales – tant que faire se pouvait en raison de bandes d'origine souvent déficientes – l'intégralité de ce que l'ORF a conservé de Furtwängler chef symphonique dans la ville de Mozart. Et c'est sous la forme d'un coffret commémoratif de 8CD tiré en édition limitée qu'Orfeo propose aujourd'hui cette partie du legs de l'Allemand.
Altamusica vous invite à une exploration du contenu de chaque disque, avec une contextualisation au sein de l'abondante discographie du chef d'orchestre quand nécessaire, et avec une note repère pour chaque oeuvre abordée.
Avant de vous laisser tenter par l'aventure, une petite mise en garde presque évidente mais toujours bonne à énoncer : ce coffret est réservé d'abord aux familiers des prises de son monophoniques fluctuantes – même si le travail de restauration est ici exemplaire – et à ceux qui peuvent supporter sans trop de peine les « pains », dérapages instrumentaux et autres intonation souvent approximative – on est ici aux antipodes de la précision d'un Boulez. Mais le génie de Furtwängler est de réussir à nous faire oublier ces contingences techniques grâce à une battue à nulle autre pareille, ardente, tourbillonnante, passionnante, grâce à des interprétations comme improvisées et jamais routinières.
Lass uns gehn !
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