Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en si bémol majeur D. 960
Trois Lieder
Leiv Ove Andsnes, piano
Ian Bostridge, ténor
1 CD EMI 5 57901 2
C'est leur quatrième enregistrement commun. Leiv Ove Andsnes et Ian Bostridge avaient déjà par deux fois pratiqué cette formule alliant une sonate de Schubert et quelques Lieder, et avaient enregistré ensemble le plus fulgurant des Voyage d'Hiver. Les voici de retour avec cette fois la grande Sonate en sib majeur et trois pièces vocales assez rares.
On a quasiment tout dit de la manière dont Andsnes aborde le monde de Schubert. Son approche est directe, claire, sobre, fidèle à la pudeur naturelle du compositeur, à cette rigueur atavique qui le pousse à être toujours plus dépouillé quand le propos s'intériorise. Avec toujours la même apparente économie de moyens, le pianiste laisse parler sa propose sensibilité, sans afféterie, sans attendrissement, mais avec un charme assez irrésistible. Il sait comme personne faire chanter une phrase, trouver un accent inattendu, dérouler le plus naturellement du monde un propos complexe, souvent torturé avec de brefs éclairs de joie. Tout est ici en contrastes subtiles, parfois violents, avec une limpidité de son et un respect stricte des structures qui relèvent du plus grand art pianistique.
La première pièce chantée par Bostridge est cette magnifique ballade Viola, qui déroule ses dix-neuf strophes en hommage à la plus modeste et la plus fragile des fleurs, la violette ; une merveille de raffinement et d'émotion contenue. Etat d'âme tout aussi subtilement nostalgique dans Der Winterabend avant d'aborder cet étrange Abschied von der Erde, récit parlé avec accompagnement de piano que Schubert avait composé pour une pièce d'Adolf von Pratobevera. Une curiosité.
Faut-il préciser que Bostridge est toujours aussi fascinant par son investissement, sa flamme intérieure et sa fidélité aux mots ? Exceptionnel !
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