Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Concertos pour piano n° 2 et 4
Nikolaï Lugansky, piano
City of Birmingham Symphony Orchestra
direction : Sakari Oramo
1 CD Warner W2564 61946-2
Adulé par le public français, Nikolaï Lugansky semble toujours gêner un peu la critique. On lui reproche aisément une certain froideur, ou une tendance à l'intellectualisme, là où l'on aime que les pianistes russes y aillent à pleines mains. Sans doute saisit-on mal tout ce qui fait justement l'intérêt de ce qu'il apporte à un répertoire qui n'a que trop souffert d'approches purement sensitives.
Avec une technique qu'il faut bien qualifier d'éblouissante même si le terme est galvaudé, Lugansky rend d'abord justice à tout ce que l‘écriture de Rachmaninov compte de purement instrumental. Il faut au départ que l'instrument sonne le mieux possible, avec richesse, avec générosité, avec ampleur. La nature du toucher de Lugansky, beaucoup moins percutante que celle de la plupart de ses collègues, est une joie constante pour l'oreille car elle ne brime jamais la puissance ni la profondeur du son.
Beaucoup pourraient s'en tenir là avec des oeuvres aussi attrayantes et généreusement lyriques. Mais là où le pianiste russe frappe très fort, c'est quand attache autant d'importance à la finesse des structures dans leur moindre détail, allant parfois chercher très loin d'infimes nuances, et qu'il sait être lyrique et ample sans vulgarité ni délire inutile.
On est vraiment dans la très grande tradition issue de Liszt et ensuite des grands maîtres russes, assez proche d'un Guilels, avec ce que cela implique de force cérébrale ajoutée à la force sonore. L'orchestre est magnifique lui aussi et ce nouveau voyage dans l'oeuvre de Rachmaninov devrait achever de réhabiliter un compositeur trop souvent considéré chez nous non sans une certaine condescendance.
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