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SELECTION CD 24 avril 2024

Psychanalyse de référence



Le Vaisseau fantôme mythique de Harry Kupfer à Bayreuth fait son entrée au catalogue Deutsche Grammophon, dans le cadre du lancement d'archives Unitel qui promettent le retour dans les bacs de bon nombre de merveilles inédites au DVD. Un classique de la vidéothèque wagnérienne, une mise en scène psychanalytique de référence.


Le 05/10/2005
Yannick MILLON
 

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     Psychanalyse de rĂ©fĂ©rence



    Richard Wagner (1813-1883)
    Le Vaisseau fantôme, opéra romantique en trois actes (1843)

    Matti Salminen (Daland)
    Lisbeth Balslev (Senta)
    Robert Schunk (Erik)
    Anny Schlemm (Mary)
    Graham Clark (le timonier)
    Simon Estes (le Hollandais)

    Festival de Bayreuth 1985
    Choeurs et Orchestre du Festival de Bayreuth
    direction : Woldemar Nelsson
    mise en scène : Harry Kupfer
    décors : Peter Sykora
    costumes : Reinard Heinrich
    préparation des choeurs : Norbert Balatsch
    réalisation vidéo : Brian Large
    supervision artistique : Wolfgang Wagner

    Enregistrement : Bayreuth, juin 1985

    1DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4041


    Pour ses débuts à Bayreuth en 1978, soit en pleine révolution chéraldienne, Harry Kupfer a marqué l'histoire de la mise en scène du Vaisseau fantôme. Pour la première fois sur la Colline, on osait s'attaquer au nœud psychanalytique du premier grand drame wagnérien. Senta en est le personnage central, petite bourgeoise qui présente tous les traits de l'hystérie chère à Freud, et arpente la scène durant l'ensemble du spectacle en serrant contre elle le portrait du Hollandais.

    Au gré de ses divagations, de ses angoisses, de ses hallucinations – admirablement traduites par les changements de décors de Peter Sykora –, l'héroïne, bouleversante dans son absence de lucidité, rêve sa vie et finit par perdre pied dans la réalité, jusqu'au suicide.

    Une production de référence qui a ouvert la voie à de nombreux metteurs en scène – parmi lesquels Claus Guth dont l'excellent Vaisseau vogue à Bayreuth depuis 2003 –, et dont seuls les gestes hiératiques des personnages sur la musique dans l'ouverture et certains plans de Brian Large – comme ces chœurs filmés de côté, depuis cour, au III – ont un peu vieilli.

    Mais l'impact visuel est tel que l'on parvient à accepter une équipe musicale sans vertiges. Simon Estes a la stature du Hollandais, son caractère ombrageux et révolté, mais la voix, pourtant magnifique matériau et format adéquat, souffre d'un total manque d'homogénéité dans l'émission – certaines voyelles basculent systématiquement en arrière. Lisbeth Balslev est une Senta crédible dans sa fragilité sinon dans sa jeunesse, mais la voix bouge, le vibrato manque de contrôle et le timbre de la Danoise s'avère souvent dur.

    Le fort-ténor Robert Schunk offre bien peu de subtilité à un Erik d'un seul bloc, malgré quelques couleurs séduisantes à la Peter Seiffert, à l'inverse de Graham Clark, matelot distingué et admirablement caractérisé. On sera surpris de retrouver Anny Schlemm pour une Mary hautaine et inflexible, encore en voix aussi tard qu'en 1985. Quel modèle de longévité quand on songe qu'elle chantait Rosalinde pour Fricsay en 1949 ! Reste le Daland idéal de Matti Salminen, dont le paternalisme et la noblesse du timbre demeurent toujours aussi attachants.

    Les choeurs vigoureux de Norbert Balatsch ont souvent du mal à rester en mesure et pâtissent d'un réel manque de transparence au II – les femmes. Dans la fosse, l'orchestre affiche une belle couleur – des cuivres aiguisés, des bassons très présents, des cordes versatiles – mais aussi les tares des années 80 – le vibrato énorme du cor anglais et du hautbois dans l'ouverture. La lecture pressée et nerveuse de Woldemar Nelsson échoue à relayer les multiples subtilités de la vision scénique, mais du moins s'élève-t-elle au dessus de la routine qui plombait si souvent Wagner il y a un quart de siècle.

    Quoi qu'il en soit et par-delà ses défauts purement musicaux – mais qu'on se rassure, la situation n'est pas meilleure aujourd'hui dans le temple wagnérien – un DVD d'opéra incontournable, une captation fondamentale disponible à un prix très abordable.

     
    Yannick MILLON


     

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