Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour violon n° 2 en ré majeur, K. 211
Concerto pour violon n° 3 en sol majeur, K. 216
Midori Seiler, violon
Symphonie n° 29 en la majeur, K. 201
Anima Eterna
direction : Jos van Immerseel
Enregistrement : Concertgebouw, Bruges, février 2004
1CD Zig-Zag Territoires ZZT051001
L'univers symphonique mozartien semble décidément participer au mieux du sens des proportions et de la caractérisation du pianofortiste et chef flamand Jos van Immerseel, qui réussit dans la 29e symphonie la quadrature du cercle : un Mozart nerveux mais sans précipitation, articulé mais jamais raide, chantant mais jamais alangui, dans un tissu orchestral nimbé de lumière. Surtout, il y signe à notre sens un équilibre idéal des tempi, avec un Allegro moderato liminaire assumé à la blanche et faisant le juste contraste avec l'Allegro con spirito terminal.
Atteignant au tempo giusto dans chaque mouvement, Immerseel rend le discours plus limpide que jamais, et permet à chaque élément de s'insérer au sein du tout en parfaite harmonie. Mais bien au-delà d'un simple sommet de proportions, de beauté formelle, le chef d'Anima Eterna sait admirablement lire entre les notes, mettre opportunément en relief les états d'âme typiquement Sturm und Drang du jeune Wolfgang : la précision des rythmes pointés dans le Menuet dévoile ainsi un second degré, plus inquiet, dans une danse en apparence souriante comme une après-midi de printemps ; la vigueur du staccato et des batteries de doubles-croches des cordes donne des ailes au Finale. Chaque geste musical concourt ainsi à souligner le refus du cadre poudré du style galant auquel Mozart, tout équilibriste qu'il est, sera bientôt condamné à se plier pour exister à Salzbourg.
Des timbres splendides
Seul Ferenc Fricsay, parmi les anciens, avait placé la barre aussi haut, avec toutefois, il va sans dire, des effectifs et une signature sonore moins idoines. Car les timbres d'Anima Eterna sont une splendeur – les cordes sveltes et fruitées, sachant toujours ménager des accents tendres mais aussi de fugaces zones d'ombre ; l'intervention poignante du hautbois (Andante à 7'28), véritable appel de détresse d'un jeune compositeur qui étouffe sous le joug d'un archevêque redresseur d'effronterie. Autant de sous-entendus et d'arrière-plans psychologiques qu'il serait bien incommode de restituer sur instruments modernes.
Le miracle orchestral demeure dans les concertos pour violon, d'écriture nettement plus galante. Un exemple enthousiasmant parmi tant d'autres : dans l'exposition de l'Allegro initial du sol majeur, (à partir de 0'49), la précision et la malice à ciseler le jeu de ping-pong rythmique entre les seconds violons et le reste des cordes, qui rendent au mieux l'espièglerie d'un jeune homme de 19 ans. Pour que la fête soit totale, on aurait seulement souhaité un violon solo moins sage, plus ludique et facétieux, même si le jeu de Midori Seiler, en bon violino principale, reste exemplaire de sobriété et de bon goût.
Quoi qu'il en soit, un Coup de coeur Altamusica pour ce disque Mozart des plus réjouissants en cette année commémorative.
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