Si l'expression n'était pas à ce point galvaudée, on dirait volontiers que Nicholas Angelich joue désormais dans la cour des grands. Considéré longtemps comme une brillante personnalité de la nouvelle génération, il apparaît aujourd'hui comme une figure majeure du monde pianistique parvenue à un degré de maturité annoncé et désormais largement confirmé. Les pages de Brahms qu'il a enregistrées ici comptent parmi les plus connues et donc parmi celles qu'il ne faut jouer que si l'on est capable d'en donner une vision personnelle, voire nouvelle. C'est exactement ce que fait Nicholas Angelich.

Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une réflexion approfondie, dont la sincérité semble être le fruit d'une fusion entre l'héritage des plus grands maîtres – on pense à Katchen notamment – et les réactions d'une sensibilité forgée aux épreuves de la vie en ce début du XXI^e siècle. À cela s'ajoute l'instinct, qui donne sa vraie vie à toute musique dès lors qu'on en ressent les bonnes accentuations, la vraie dynamique et jusqu'au bon usage de la pédale.

Voilà un Brahms comme les moins jeunes doivent aimer le redécouvrir et où les plus jeunes doivent trouver le reflet de leur propre sensibilité.