Pour quelques fulgurances |
Concert du Nouvel An 2006
Première partie :
Johann Strauss II (1825-1899)
Auf's Korn, marche op. 478
Frühlingsstimmen, valse op. 410
Diplomaten, polka française op. 448
Josef Strauss (1827-1870)
Eingesendet, polka rapide op. 240
Johann Strauss II
Lob der Frauen, polka mazur op. 315
Künstlerleben, valse op. 316
Josef Strauss
Ohne Sorgen !, polka rapide op. 271
Deuxième partie :
Johann Strauss II
Der Zigeunerbaron, marche d'entrée
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Le Nozze di Figaro, ouverture
Joseph Lanner (1801-1843)
Die Mozartisten, valse op. 196
Johann Strauss II
Liebesbotschaft, galop
Neue Pizzicato-Polka, op. 449
Künstler-Quadrille, op. 201
Spanischer Marsch, op. 433
Du und Du, valse op. 367
Im Krapfenwald'l, polka française op. 336
Furioso-Polka, op. 260
Eduard Strauss (1835-1916)
Telephon, polka française op. 165
Johann Strauss II
Lagunen-Walzer, valse op. 411
Éljen a Magyar !, polka rapide op. 332
Bis :
Johann Strauss II
Banditen-Galopp, galop op. 378
An der schönen, blauen Donau, valse op. 314
Johann Strauss I (1804-1849)
Radetzky-Marsch, op. 228
Wiener Philharmoniker
direction : Mariss Jansons
enregistrement : 1er janvier 2006, Musikverein, Wien.
1 DVD Deutsche Grammophon 00440 073 4142
(+ Bonus ballets alternatifs et Mozart 2006, documentaire touristique)
2 CD Deutsche Grammophon 00289 477 5566
Au début de notre nouveau millénaire, on avait salué l'initiative de l'Orchestre philharmonique de Vienne d'inviter de nouveaux chefs pour diriger le Concert du Nouvel An, après une décennie phagocytée par les routiniers Muti, Mehta et Maazel. Le temps de deux inoubliables concerts Harnoncourt (2001 et 2003) et d'un réjouissant concert Ozawa (2002), et voilà que l'on était retombé dans le tout-venant. Cela dit, Muti en 2004 apparaît métamorphosé, et laisse de loin sa meilleure prestation dans ce type d'exercice. On ne peut pas en dire exactement autant de Maazel, qui se contente en 2005 du strict minimum.
Phénomène rare, le concert se termine même sans que soit annoncé le chef prévu pour 2006. Quelques jours plus tard, le nom tombe enfin : ce sera Mariss Jansons. Étant donné la pleine occupation du maître, les tractations ont dû prendre du temps. En tout cas, un nouveau venu pour diriger l'institution classique la plus suivie au monde, voilà de quoi retrouver un peu de ce climat de début de décennie qui avait fait souffler un vent de nouveauté.
Et le début de ce concert 2006 ne fera pas dire le contraire, avec notamment une marche Auf's Korn spartiate et des Frühlingstimmen menées avec un gant de fer et des retours de thème aux cadences affirmées avec une poigne et un tranchant typiquement russes que ne dédaigneraient ni un Gergiev ni un Mravinski. Les intuitions de Jansons s'avèrent toujours justes et originales, l'énergie ne manque jamais à l'appel – Eingesendet ; Ohne Sorgen !
On aurait toutefois aimé un peu plus de nostalgie sous-jacente, un climat plus fin-de-siècle, mais aussi et surtout que le chef opère un réglage plus fin des formules d'accompagnement, ici comme en pilotage automatique. De surcroît, on reste un peu sur l'impression que Jansons abuse des tubes et des gags, entraînant à la longue une certaine monotonie. Les crus précédents nous avaient habitué à plus de surprises dans l'élaboration des programmes, à une répartition plus harmonieuse entre découvertes et pièces rabâchées.
Année Mozart oblige, on a droit à une ouverture des Noces de Figaro vivante et enlevée sinon véritablement stylée, et aussi hélas une version orphéonique à souhait – les solos de trombone – des Mozartisten de Joseph Lanner, qui sonnent pourtant si bien dans leur version chambriste.
Toujours est-il que ce cru 2006 se situe bien au-dessus de la moyenne – une Marche espagnole fière comme un paon ; un Éljen a Magyar endiablé ; un Galop des bandits pince-sans-rire ; une Marche de Radetzky à la rigueur et à la retenue toutes militaires, et aux applaudissements pour une fois disciplinés – et que les Wiener Philharmoniker étalent leurs ors avec une classe incomparable et un cachet sonore qui laisse rêveur. Comme souvent pour ce type de manifestation, le DVD est préférable – le son y est de surcroît plus fouillé et moins compact – même si le CD, qui reprend également l'intégralité du programme, ne décevra personne.
Alors que l'on évoque déjà de loin le nom de Valery Gergiev pour l'édition 2008, on peut se demander si Zubin Mehta, qui enchaîne ces temps derniers des concerts de pure routine avec les Viennois, saura l'an prochain trouver un second souffle à la tête d'une institution avec laquelle il renouera après un silence de presque dix ans ?
| |
|