Anthologie straussienne de référence |
Richard Strauss (1864-1949)
ÂŒuvres avec orchestre
CD1 :
Concerto pour cor n° 1 en mib majeur, op. 11
Concerto pour cor n° 2 en mib majeur
Peter Damm, cor
Concerto pour hautbois en ré majeur
Manfred Clement, hautbois
Duett-Concertino pour clarinette, basson et cordes
Manfred Weise, clarinette
Wolfgang Liebscher, basson
CD2 :
Burleske pour piano et orchestre
Malcolm Frager, piano
Parergon zur Sinfonia Domestica, op. 73
Panathenäenzug, op. 74
Peter Rösel, piano
CD3 :
Till Eulenspiegels lustige Streiche, op. 28
Don Juan, op. 20
Ein Heldenleben, op. 40
CD4 :
Concerto pour violon en ré mineur, op. 8
Ulf Hoelscher, violon
Sinfonia Domestica, op. 53
CD5 :
Also sprach Zarathustra, op. 30
Tod und Verklärung, op. 24
Der Rosenkavalier, suite de valses op. 59
CD6 :
Salomé, danse des sept voiles
Le Bourgeois gentilhomme, suite op. 60
Schlagobers, valse op. 70
Josephslegende, fragment symphonique op. 63
CD7 :
Metamorphosen
Eine Alpensinfonie, op. 64
CD8 :
Aus Italien, op. 16
Macbeth, op. 23
CD9 :
Don Quichotte, op. 35
Paul Tortelier, violoncelle
Max Rostal, alto
Suite de danses de François Couperin
Staatskapelle Dresden
direction : Rudolf Kempe
Enregistrements : Lukaskirche, Dresde, 1970-1975
9CD Brilliant Classics 7591
Kempe dans Strauss, c'est un peu comme Furtwängler dans Beethoven, Toscanini dans Verdi ou Bernstein dans Mahler : une rencontre bénie des dieux, l'une des plus belles illustrations discographiques de l'adéquation d'un chef et d'un orchestre avec un répertoire. Cette anthologie Strauss-Kempe-Dresde a, dès sa première édition CD chez EMI, compté parmi les versions les plus abouties du corpus symphonique de l'auteur du Chevalier à la rose.
Brilliant réédite aujourd'hui à un prix absolument sans concurrence l'intégralité de cette somme, dans les mêmes conditions techniques. Ce sera l'occasion de découvrir ou redécouvrir, dans un appareil critique des plus légers il va sans dire, les sonorités si particulières de la Staatskapelle de Dresde de la grande époque, avec cette précision dans le trait, cette caractérisation dans le timbre et cette tendance à l'aération et à une fluidité tout à fait chambriste du discours qui en ont fait l'orchestre straussien par excellence.
À l'époque où Karajan défend avec génie à Berlin les grandes orgues, la réverbération, le fondu et la luxuriance, Dresde joue l'énergie, la simplicité, le détail et la gourmandise des timbres. Réécoutons ces clarinettes, ces hautbois hautement colorés et goguenards, ces cordes félines et électriques, ces cuivres pointus et acérés, ces timbales qui donnent l'impression d'être constamment frappées par de très précises baguettes en bois.
Un Strauss roboratif et innervé
Mais aussi et surtout, Rudolf Kempe signe là le plus beau legs discographique de sa carrière, avec peut-être son Lohengrin viennois de 1963. Loin de tout alanguissement, le chef allemand défend un Strauss vif, fougueux, parfois roboratif, avec une pâte sonore dégraissée, innervée, toujours pleine d'élan.
L'un des miracles de cette réalisation est de rendre les petites pièces presque aussi essentielles que les grandes, en leur apportant un même souffle interprétatif. Les oeuvres concertantes sont pour la plupart du même niveau, avec notamment un Peter Damm défendant l'école de cor dresdoise d'un bel engagement – et toujours ce léger vibrato auquel on n'est plus très habitué et que se refusaient déjà absolument Vienne et Berlin. Seul Manfred Clement déçoit dans le Concerto pour hautbois, un rien tendu dans la virtuosité.
Mais tout le reste est d'un accomplissement grisant – un Don Juan de rêve, un Mort et Transfiguration vécu avec toute l'acuité d'un trépas parfaitement lucide, un Zarathoustra exaltant, un Aus Italien haut en couleurs. Et si bien entendu on ne cherchera pas dans le détail la perfection plastique à laquelle nous ont habitués un Karajan, ou plus récemment un Thielemann, il n'en reste pas moins que pareille somme se doit d'apparaître dans toute discothèque straussienne digne de ce nom.
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