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SELECTION CD 11 mai 2024

Un Siegfried tombé du ciel



Un Ring du Bayreuth des années 1950 en stéréo, avec le quatuor Hotter-Varnay-Windgassen-Neidlinger ? On en avait toujours rêvé, sans se douter un instant qu'il existait bel et bien. La firme britannique Testament vient de frapper un grand coup en éditant ce Siegfried de 1955, premier maillon d'un cycle complet qui dormait dans les placards depuis cinquante ans.


Le 23/06/2006
Yannick MILLON
 

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     Un Siegfried tombé du ciel



    Richard Wagner (1813-1883)
    Siegfried, deuxième journée du festival scénique l'Anneau du Nibelung (1876)
    Livret du compositeur

    Wolfgang Windgassen (Siegfried)
    Astrid Varnay (Brünnhilde)
    Hans Hotter (Der Wanderer)
    Gustav Neidlinger (Alberich)
    Paul Kuen (Mime)
    Maria von Ilosvay (Erda)
    Josef Greindl (Fafner)
    Ilse Hollweg (Waldvogel)

    Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Joseph Keilberth
    Enregistrement : Festspielhaus, Bayreuth, 26/07/1955

    4CD Testament SBT4 1392


    À l'automne 2005, lorsque la rumeur commence à circuler que Testament s'apprête à publier un « premier Ring stéréo de l'histoire Â», capté sur le vif à Bayreuth à l'été 1955, on se demande dans un premier temps si l'on ne vient pas d'avaler un café aux vertus hallucinogènes. Mais la rumeur était bien fondée et l'on cherche à savoir pourquoi un tel trésor est resté cinquante ans dans les placards d'une firme discographique, ce que nous explique au mieux le livret d'accompagnement du coffret, aux textes et à l'iconographie passionnants.

    Grand oublié de la postérité dans ce qui reste pourtant « son Â» Ring – il est le chef qui a le plus souvent dirigé cette première Tétralogie du Bayreuth de l'après-guerre donnée de 1951 à 1958 –, Joseph Keilberth a souvent été considéré à tort comme un second couteau. Sans atteindre exactement les vertiges de Krauss en 1953, dont le Siegfried, notamment, compte parmi les réalisations wagnériennes les plus abouties au disque, Keilberth défend sensiblement le même Wagner : rapide, énergique, narratif, d'une superbe variété de climats, privilégiant toujours l'avancée et la vitalité sur la masse et la profondeur, à l'exact inverse de Knappertsbusch avec qui il partagera les représentations ainsi que quelques frictions à l'été 1956.

    On peut même y voir le premier chef « latin Â», moderne, que Wieland Wagner désirait en symbiose avec sa révolution scénique, même si un Böhm, un Boulez iront nettement plus loin dans l'allègement des textures, dans l'élasticité des tempi. Car on sent encore dans les fondations de la direction de Keilberth le terreau de la tradition : une pâte sonore dense, aux cuivres graves et aux timbales bien souterrains, jamais light.

    On connaissait déjà deux Ring entiers du chef allemand, avec des distributions tout sauf négligeables. Ce que nous apporte donc la glorieuse stéréo Decca de ce cru 1955, outre un confort d'écoute du plateau tout à fait inédit, c'est la sensation de profondeur de la fosse, de ces cuivres qui semblent jaillir des tréfonds de l'abîme, de ces sonorités aiguisées et tranchantes – les trompettes, souvent incandescentes – à même de réhabiliter pour de bon un Keilberth souvent négligé au panthéon wagnérien.

    Le plateau absolu de l'après-guerre

    De surcroît, le plateau est une manière d'absolu, où se côtoient autant de monstres sacrés : le Mime insurpassable de Paul Kuen ; le Siegfried en plein rayonnement de Wolfgang Windgassen ; le Wanderer souverain de Hans Hotter, en pleine possession de ses immenses moyens ; l'Alberich très noir et sans concurrence de Gustav Neidlinger ; l'Erda humaine et à l'aura naturelle de Maria von Ilosvay ; l'Oiseau lumineux d'Ilse Hollweg ; le Fafner toujours sépulcral de Josef Greindl. Et si on a déjà entendu la grande Astrid Varnay plus juvénile – en 1953 notamment –, sa Brünnhilde en maturité qui sait se parer d'une inquiétude et de teintes crépusculaires, à la Kirsten Flagstad, reste un monument.

    Et chez tous, ce sens de la phrase, de la ligne wagnérienne, du texte – compréhensible de bout en bout, marque de fabrique du premier Ring de Wieland Wagner à Bayreuth – auquel la prise de son rend pour la première fois pleinement justice.

    Un grand coup de pied dans une fourmilière d'archives, désormais enrichie d'un trésor supplémentaire qui risque de chambouler la discographie du Ring bayreuthien des années 1950, déjà riche de six témoignages complets – Keilberth 1952 et 1953 ; Krauss 1953 ; Knappertsbusch 1956, 1957 et 1958.

    On attend la suite avec impatience.

     
    Yannick MILLON


     

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