Claudio Monteverdi
Vespro de la Beata Vergine (1610)
The King's Consort
direction : Robert King
2 CD Hyperion SACDA67531/2
Il est étonnant de voir Robert King assez discret sur ses choix musicologiques dans la notice du disque, ladite notice étant toutefois suffisamment claire, en ce qu'elle revendique une indifférence relative à toute préoccupation liturgique, d'où l'absence de plain-chant intempestif. La présence d'un choeur conforte aussi l'idée d'une recherche de plaisir sonore, que le chant des solistes vient confirmer aussitôt : avec Robert King, ce sera l'hédonisme musical avant tout.
On peut être agacé par certains éléments – vibrato parfois excessif dans le chant soliste, manque de lisibilité des interventions du choeur qu'une prise de son très réverbérée accentue encore, partis pris rythmiques qui, parfois, nuisent au naturel de la déclamation textuelle ou encore prononciation italienne typiquement anglo-saxonne exagérant l'ouverture de certaines voyelles. En outre, l'ample respiration générale et l'attention aux galbes mélodiques, notamment dans les motets pour solistes, vont un peu à l'encontre des propos mêmes d'un Monteverdi pour qui la véracité des sentiments et la projection du texte priment sur les plaisirs sensuels.
Mais il serait difficile de nier la suavité d'une Carolyn Sampson – Rebecca Outram est moins satisfaisante – ou de James Gilchrist – dans le fameux Duo Seraphim, les trois hommes sont superbes, dans une manière très british – ou encore l'opulence d'un instrumentarium ample et dispensant judicieusement ses couleurs.
Bref, cette version n'est peut-être pas indispensable pour qui cherche des Vêpres « historiquement informées » (selon l'expression presque consacrée ces dernières années). Celui-ci se tournera avec profit vers Rinaldo Alessandrini (Naïve), peut-être le compromis le plus convaincant à ce jour entre philologie, théâtralité et plaisir musical, ou même vers Paul McCreesh, évidemment musicologique (Archiv), sans oublier bien sûr l'enregistrement légendaire de Jordi Savall (Naïve).
Mais il serait dommage de bouder les multiples beautés que Robert King et ses phalanges offrent. Et le fait que cet enregistrement contienne l'alternatif Magnificat à six et la Missa In illo Tempore, dans des interprétations très dignes, doit aussi être pris en considération.
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