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SELECTION CD 28 mars 2024

La douce lumière de Parsifal



Riche en références d'après-guerre, quand les grands chanteurs étaient légion, la discographie wagnérienne peine à s'enrichir de parutions décisives depuis presque trente ans. Sans prétendre à l'immortalité, le nouveau Parsifal que Deutsche Grammophon a confié à Christian Thielemann comporte toutefois quelques éminentes qualités.


Le 19/10/2006
Yannick MILLON
 

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     La douce lumière de Parsifal



    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal, festival scénique sacré en trois actes (1882)
    Livret du compositeur

    Falk Struckmann (Amfortas)
    Ain Anger (Titurel)
    Franz-Josef Selig (Gurnemanz)
    Plácido Domingo (Parsifal)
    Wolfgang Bankl (Klingsor)
    Waltraud Meier (Kundry)
    Benedikt Kobel (Erster Gralsritter)
    In-Sung Sim (Zweiter Gralsritter)
    Daniela Denschlag (Erste Knappe)
    Janina Baechle (Zweite Knappe)
    John Dickie (Dritte Knappe)
    Peter Jelosits (Vierte Knappe)
    Inna Los (Blumenmächen Erste Gruppe)
    Bori Keszei (Blumenmächen Erste Gruppe)
    Antigone Papoulkas (Blumenmächen Erste Gruppe)
    Simina Ivan (Blumenmächen Zweite Gruppe)
    Ildikó Raimondi (Blumenmächen Zweite Gruppe)
    Nadika Krasteva (Blumenmächen Zweite Gruppe)
    Janina Baechle (Stimme von oben)

    Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
    direction : Christian Thielemann
    préparation des choeurs : Ernst Dunshirn

    Enregistrement live : Staatsoper, Wien, 06/2005

    4CD Deutsche Grammophon 00289 477 6006


    Disons-le d'emblée, ce nouveau Parsifal ne contestera pas l'hégémonie des grandes références bien connues de Bayreuth : Knappertsbusch (1951 avant tout, 1952, la letztes Mal de 1964 avec Vickers et Hotter) et ses négatifs Krauss (1953) et Boulez (1970), les plus recommandables à notre sens, devant les studios de Solti (desservi par le Gurnemanz prosaïque de Gottlob Frick) et Karajan (aux voix aiguës très faibles), voire Barenboïm.

    Dans ce live viennois, Thielemann prend modérément son temps, accordant un soin particulier à la couleur, à la souplesse, à l'aération du tissu motivique, à la douceur des transitions, à la finition des fondus-enchaînés, et engendre autant de moments magiques : le changement d'univers sonore au Parsifal, Weile ! de Kundry ; le no man's land précédant Gelobter Held ! ; l'Enchantement du Vendredi saint ; la conclusion du III, avec ce long trait d'union des hautbois entre les deux derniers accords, lointaine réminiscence de Tristan.

    On se doute que les points de tension, de drame – notamment au II – y perdent quelque acuité et arêtes vives. Mais dès que le discours s'apaise, le grand wagnérien du moment distille force sortilèges, suspensions, sensations d'espace infini, de continuité absolue entre diatonisme et chromatisme, laissant toujours planer en sfumato une tenue de cor, de clarinette, sans que jamais se perde la trame. L'Orchestre de l'Opéra de Vienne sonne avec une clarté miraculeuse, une plastique de rêve, des cordes à la tendresse, à l'immatérialité sans limites, des bois colorés et finement ciselés, des cuivres opalescents.

    © Wiener Staatsoper GmbH / Axel Zeininger

    Inutile en revanche d'attendre pareille excellence au niveau de la distribution, seulement conforme aux standards wagnériens de notre époque, à commencer par des Filles-fleurs plus acceptables que de coutume, un Klingsor local, sans histoire, un Titurel un peu vert.

    Le sens de la narration est l'atout majeur du Gurnemanz de Franz-Josef Selig, élevé à la rhétorique de la musique ancienne, fort utile au doyen des chevaliers du Graal. Seulement, au-delà des intentions judicieuses – ces sons non-vibrés qui ouvrent un espace expressif inédit – la voix est dans un état très moyen : érodée, étriquée dès le mezzo-forte et d'aigu poussif. Mais l'incarnation ne manquera pas de retenir l'attention, voire de faire école.

    Falk Struckmann a l'aigu conquérant et les moyens d'Amfortas, mais pèche par excès de monolithisme, et rugit sans la douleur rentrée du roi maudit. Plácido Domingo est un Parsifal à l'italienne, d'une belle jeunesse malgré ses 65 ans, avec cette ligne de chant ensoleillée, azuréenne – un rien engoncée toutefois au III –, dont la générosité mange une partie du texte. Du beau chant assurément, mais le chaste fol y perd son étrangeté : sans doute trop de lumière, de culture, d'intelligence pour ce personnage absent, ici constamment trop mature et comme rassasié de chair.

    Une Kundry vénéneuse et surnaturelle

    Reste Waltraud Meier, incontournable Kundry, incontournable wagnérienne tout court, qui rend à l'ultime personnage féminin du compositeur sa complexité, son mélange de sorcellerie, de féminité et d'animalité dans une incarnation aux multiples facettes. Et même si les notes les plus hautes de la tessiture sont nettement plus tendues qu'en studio, impossible de passer à côté de pareille ferveur, d'un timbre aussi caméléon, vénéneux, d'une émission aussi soignée, avec cette accroche, cette nasalisation des finales qui rappellent pas moins que l'art d'une Schwarzkopf – les Schlaf, surnaturels.

    Une belle version moderne, d'orchestre avant tout, et sans doute le Parsifal le plus soigné, le plus irréel du disque, sinon le plus mystique ou le plus dramatique.

     
    Yannick MILLON


     

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