Music for a while
Gauvin forever |
Henry Purcell (1659-1695)
Songs et extraits d'odes, masques et opéras :
The Fairy Queen, King Arthur, Dido and Aeneas
Karina Gauvin, soprano
Les Boréades de Montréal
flûte et direction : Francis Colpron
CD Atma ACD2 2398
Timbre de miel, demi-teinte aux colorations subtilement dosées – et avec quelle assurance ! – vocalisation cristalline ou longueur de souffle inépuisable, on ne sait que louer en premier chez cette chanteuse trop discrète tant sur les scènes qu'au disque. La couleur générale et l'esthétique sont souvent très italiennes mais Purcell et sa fausse simplicité s'accommodent fort bien de tout ce raffinement – l'Orpheus Britannicus demande un art du chant bien plus sophistiqué qu'on ne le pense habituellement.
Dans des pages aussi fameuses et géniales que If love's a sweet passion, Strike the viol, An Evening Hymn ou encore Music for a while, Karina Gauvin rappelle à plus d'un titre l'art de son aînée, la grande Lynne Dawson, avec un surcroît d'assurance dans l'intonation et le contrôle vocal. Comme la Britannique, elle possède cette maîtrise de la prosodie anglaise qui privilégie un naturel époustouflant sur une attention trop clinique accordée à la diction – qu'on nous entende cependant : cette dernière reste exemplaire. La mort de Didon et l'étrange scène From rosy bowers, insérée par Purcell peu avant sa mort en 1695 dans le Don Quichotte de Thomas d'Urfey, montrent en outre quelle tragédienne peut être Gauvin.
Accompagnement d'une solidité appréciable des Boréades de Montréal que dirige le flûtiste Francis Colpron, même si l'on aurait souhaité parfois que l'ensemble instrumental soit plus au diapason du timbre irrisé de sa chanteuse. Mais quoi qu'il en soit, un disque enthousiasmant.
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