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SELECTION CD 25 avril 2024

Le miracle Karajan



Beaucoup moins célébré que celui de l'ère stéréo, le Karajan des premiers enregistrements mono saura sans doute grâce à ce coffret DG se tailler une place de choix dans l'histoire du disque, à travers des interprétations d'une étonnante modernité, réalisant une manière de synthèse entre les tendances toscaninienne et furtwänglerienne.


Le 02/04/2007
Yannick MILLON
 

  • Le miracle Karajan
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     Le miracle Karajan



    Herbert von Karajan
    The first recordings

    CD1 :
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92
    Staatskapelle Berlin
    (enr : 06/1941)
    Ouverture Leonore III, op. 72 a
    Concertgebouw Orchestra, Amsterdam
    (enr : 15/09/1943)
    Richard Wagner (1813-1883)
    Die Meistersinger von Nürnberg, préludes aux actes I et III
    Staatskapelle Berlin
    (enr : 02 & 04/1939)

    CD2 :
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 1 en ut mineur, op. 68
    (enr : 6-11/09/1943)
    Richard Strauss (1864-1949)
    Don Juan, op. 20
    (enr : 16-17/09/1943)
    Salomé : Danse des sept voiles
    (enr : 14/09/1943)
    Concertgebouw Orchestra, Amsterdam

    CD3 :
    Antonín Dvořák (1841-1904)
    Symphonie n° 9 en mi mineur, op. 95 « Du Nouveau Monde Â»
    (enr : 17-22/06/1940)
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Die Fledermaus, ouverture
    (enr : 21/10/1942)
    Künstlerleben, valse op. 316
    (enr : 7 & 17/06/1940)
    Kaiserwalzer, valse op. 437
    (enr : 9/06/1941)
    Berliner Philharmoniker

    CD4 :
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Symphonie n° 35 en ré majeur, K. 385 « Haffner Â»
    Symphonie n° 40 en sol mineur, K. 550
    Symphonie n° 41 en ut majeur, K. 551 « Jupiter Â»
    Orchestra sinfonica della RAI di Torino
    (enr : 10/1942)

    CD5 :
    Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
    Symphonie n° 6 en si mineur, op. 74 « Pathétique Â»
    (enr : 23/06/1939)
    Bedřich Smetana (1824-1884)
    La Moldau
    (enr : 6/06/1940 & 9/06/1941)
    Berliner Philharmoniker

    CD6 :
    Ouvertures et préludes
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Die Zauberflöte
    Staatskapelle Berlin
    (enr : 9/12/1938)
    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Semiramide
    Orchestra sinfonica della RAI di Torino
    (enr : 10/1942)
    Carl Maria von Weber (1786-1826)
    Der Freischütz
    Concertgebouw Orchestra, Amsterdam
    (enr : 13/09/1943)
    Luigi Cherubini (1760-1842)
    Anacréon
    Staatskapelle Berlin
    (enr : 05/1939)
    Johann Strauss II (1825-1899)
    Der Zigeunerbaron
    Berliner Philharmoniker
    (enr : 21/10/1942)
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    La Traviata (actes I et III)
    Orchestra sinfonica della RAI di Torino
    (enr : 10/1942)
    La Forza del destino
    Staatskapelle Berlin
    (enr : 02/1939)

    direction : Herbert von Karajan

    Lieux d'enregistrement :
    Berlin, Studio Alte Jakobstraße
    Amsterdam, Concertgebouw, Grote Zaal
    Turin, Radio

    6CD Deutsche Grammophon Original Masters 477 6237


    Légende parmi les légendes de l'histoire de la direction d'orchestre, Herbert von Karajan aura traversé le XXe siècle en faisant découvrir au grand public un métier naguère seulement familier des élites. On a souvent tendance aujourd'hui à ne retenir du chef autrichien que le magicien des sons, amoureux d'une pâte orchestrale lisse et pleine, débordante de cordes et d'un legato fascinant autant qu'envahissant.

    Mais à chaque décennie son Karajan, et selon nous, le plus marquant reste celui des extrêmes : le dernier bien sûr, des années 1980, plus particulièrement avec le Philharmonique de Vienne, bouleversant par son accomplissement, sa plastique de rêve, son côté crépusculaire, sa majesté infinie, mais aussi le premier, celui des gravures de la fin des années 1930, le jeune loup en pleine ascension, trentenaire et déjà d'une maîtrise de moyens fulgurante, heureusement encore cantonné par la technique balbutiante des micros à la seule interprétation, avant les années où la part dévolue au beau son ira croissant avec les progrès de l'enregistrement.

    C'est ce Karajan-là, craint par Furtwängler, révéré par De Sabata, que propose de redécouvrir Deutsche Grammophon à travers un coffret de 6CD consacré aux toutes premières bandes de studio, réalisées entre 1938 et 1943 avec la Staatskapelle de Berlin, les Berliner Philharmoniker, le Concertgebouw d'Amsterdam et l'Orchestre de la RAI de Turin. En se replongeant dans ces documents, en les replaçant surtout dans le contexte musical de l'époque où ils virent le jour, on ne peut que prendre la pleine mesure du « Wunder Karajan Â» lancé par la presse berlinoise. Car il s'agissait bien d'un miracle, celui, pourtant tout à fait improbable, d'une synthèse entre le style de Toscanini et celui de Furtwängler, alliage de rigueur absolue de la forme comme du rythme à un souffle interprétatif, à une assise davantage héritée de la tradition.

    Le plus sidérant aujourd'hui demeure la modernité des options des enregistrements berlinois. Ce souci maniaque de la clarté, du détail, de la balance instrumentale, de l'architecture, cette pulsation déjà imperturbable, ce sentiment de plénitude ne contredisant jamais l'impact dramatique accouchent notamment d'une 7e symphonie de Beethoven parmi les plus enthousiasmantes du disque, du niveau de celle de Toscanini en 1936 avec le New York Philharmonic.

     



    Autre signe de modernité avant l'heure, le contrôle du vibrato : celui des cordes, souvent réduit, de manière visionnaire, à la portion congrue ; celui des vents aussi, plus étonnant encore, car parfois totalement absent, à l'image de l'introduction du mouvement lent de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák. À contre-courant de la tendance de l'époque aussi, les préludes aux premier et troisième actes des Maîtres Chanteurs, dont la manière si peu tudesque avait fait maugréer Hitler, et la parcimonie du sentiment dans une Pathétique de Tchaïkovski de premier ordre.

    À l'inverse, les enregistrements avec le Concertgebouw d'Amsterdam, encore hypnotisé par la baguette démoniaque de Mengelberg, trahissent plus nettement leur âge : ces violons quelquefois échevelés, vibrant tout leur saoul, ce portamento dix-neuvièmiste – une 1re de Brahms lyrique à souhait, plus horizontale que verticale. On s'en serait douté, les enregistrements les moins inoubliables restent ceux de l'Orchestre de la RAI de Turin – les symphonies de Mozart notamment –, question de discipline et de personnalité sonore avant tout, et encore que l'ouverture de Sémiramis s'avère tout à fait grisante dans son élan.

    Quoi qu'il en soit, la rigueur, la force tranquille de ce Karajan d'alors, pas encore adepte des tripatouillages à la table de mixage, son mélange de sobriété et de puissance rythmique risquent de porter un coup fatal à bien des idées reçues. Petit plus, le livret d'accompagnement, illustré de célèbres photos du maître au pupitre, propose un excellent texte de Richard Osborne, grand spécialiste s'il en est.

     
    Yannick MILLON


     

  • Le miracle Karajan
     


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