Cardillac, l'anti-Pygmalion |
Paul Hindemith (1895-1963)
Cardillac
Alan Held (Cardillac)
Angela Denoke (Die Tochter)
Christopher Ventris (Der Offizier)
Hannah Esther Minutillo (Die Dame)
Charles Workman (Der Kavalier)
Roland Bracht (Der Golmhändler)
Stephen Gadd (Der Anfürher der Prevoté)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Kent Nagano
mise en scène : André Engel
décors : Nicky Rieti
costumes : Chantal de la Coste Messelière
éclairages : André Diot
Enregistré à l'Opéra national de Paris Bastille en octobre 2005
+ documentaire Découvrir un Opéra : Cardillac, de Chloé Perlemuter
1 DVD BelAir classiques BAC023
Ce fut l'une des premières grandes réussites de l'ère Mortier à l'Opéra national de Paris. Un spectacle indiscutable, tant par le choix de l'oeuvre que par sa réussite scénique et musicale. Et une découverte pour la très grande majorité du public. Exemple typique des avancées musicales dans le domaine de l'opéra vers 1925, Cardillac est sans doute un moment aussi important que Wozzeck dans l'histoire du théâtre lyrique.
Moins directement révolutionnaire en apparence, la structure musicale de la partition n'en est pas moins très personnelle et très nouvelle, tout comme la thématique abordée par le livret. Incapable d'accepter que d'autres que lui possèdent les chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie qu'il crée, Cardillac ne peut s'empêcher de tuer ces acquéreurs, engendrant une vraie psychose dans la ville. Jusqu'au jour où c'est le fiancé de sa fille qui doit être sa prochaine victime.
La production d'André Engel extirpe l'histoire de l'époque historique prévue par le livret pour la situer dans les années 1920, quand l'opéra fut composé. Cela fonctionne sans aucune difficulté, dans de superbes décors très adaptés à l'action et dans les très beaux costumes de Chantal de la Coste Messelière. Et puis, il y a naturellement une véritable direction d'acteurs, comme au théâtre, ce qui donne toute sa signification et tout son intérêt à cette transposition.
On ne redira jamais assez à quel point c'est l'intelligence et l'homogénéité de ce type de travail qui rendent seules légitime le choix d'une modernisation de l'action. Se contenter de remplacer l'habit à la française par un jean n'est qu'une ineptie à la mode sans un immense travail en amont sur les personnages.
Dans cette tâche, André Engel a été secondé à la perfection par une équipe de chanteurs-acteurs aujourd'hui bien connue du public de l'Opéra, avec Angela Denoke et Charles Workman en tête, couple presque emblématique des équipes Mortier. Tous les autres sont excellents aussi, tout comme la direction musicale de Kent Nagano, mais cela fut dit en son temps, lors des représentations parisiennes.
Bien filmé, le spectacle se regarde et s'écoute avec un réel plaisir, même par ceux qui ne sont pas, a priori, fanatiques d'opéra sur petit écran !
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