Éternelle Maria Callas
CD 1
Gianni Schicchi : O mio babbino caro
La Bohème : Mi chiamano Mimi
La Bohème : Donde lieta usci
La Wally : Ebben ? Ne andro lontana
Adrienne Lecouvreur : Lo son l'umile ancella
Adrienne Lecouvreur : Poveri fiori
Andrea Chénier : La mamma morta
Tosca : Vissi d'arte
Madame Butterfly : Un bel di vedremo
Turandot : Signore, ascolta
Turandot : Tu, che di gel sei cinta
Turandot : In questa reggia
Rigoletto : Gualtier malde...
La Traviata : Ah, Fors'e lui
Le Trouvère : D'amor sull'ali rosee
Les Vêpres siciliennes : Merce, dilette amiche
La Somnambule : Compagne, teneri amici
Lucia Di Lammermoor : Regnava nel silenzio...
CD 2
Norma : Casta Diva
Le Barbier de Séville : Una voce poco fa
Ernani : Surta e la notte
Aida : Ritorna vincitor
Orphée & Eurydice : J'ai perdu mon Eurydice
Carmen : l'Amour est un oiseau rebelle
Carmen : Près des remparts de Séville
Carmen : Les tringles des sistres tintaient
Roméo & Juliette : Ah ! Je veux vivre dans ce Rêve
Werther : Werther ! Qui m'aurait dit...
Samson & Dalila : Printemps qui commence
Samson & Dalila : Mon coeur s'ouvre à ta voix
Manon : Je ne suis que faiblesse...
Louise : Depuis le jour
Faust : Un bouquet !
2 CD EMI 504250
La plupart de ceux qui continuent aujourd'hui à aduler la Callas ne l'ont jamais entendue en direct. Et parmi nos compatriotes ayant eu ce privilège, encore moins l'ont entendue à sa grande période, puisqu'elle n'est venue à Paris qu'à partir de 1958, année déjà critique, où le « scandale de Rome » était le premier signe d'un déclin qui allait s'accélérer dans les quatre années suivantes.
Au cours des multiples émissions de radio ou de télévision qui ont participé aux célébrations du trentenaire de sa disparition, on a entendu trop de commentateurs tout présenter dans la foulée, comme si tout ce que la Callas avait laissé comme souvenirs était d'égal niveau. Ce serait faire insulte à l'incomparable démonstration de beau chant qu'elle donna de la fin des années 1940 à la fin des années 1950, que prétendre que, du moment que c'est la Callas, tout est génial.
Et c'est là que ces deux CD prennent leur importance. Une grande partie des enregistrements qu'ils contiennent datent du début des années 1950, voire de 1958 pour un prudent A forse lui de la Traviata, sans la cabalette Folie Folie, et un air de Rosine superbe, comme il l'avait été, d'ailleurs, à Paris.
A ce propos, on a trop peu souligné qu'à l'époque, la Callas avait créé l'événement en mêlant la version soprano et la version mezzo de la partition de Rosine, vocalisant aussi allègrement dans le grave que dans l'aigu, ce qui n'avait jamais été entendu auparavant. Dans la première moitié des années 1950, la voix était encore intacte, avec des possibilités d'agilité incroyables sur toute la tessiture, une puissance dramatique sans vibrato intempestif ni cris, une santé qui donnait tout son impact à des interprétations d'une intelligence musicale et théâtrale magistrales.
L'air de Gilda de Rigoletto, celui des Vêpres siciliennes – des merveilles –, peuvent-ils sortir du même gosier que ceux de la Wally, d'André Chénier ou d'Adrienne Lecouvreur, tout aussi magnifiques, mais dans une autre dimension vocale ? Ces contrastes expliquent ce qui fit la gloire de la Callas à cette époque et qui est le fondement de son immortalité.
Rien à voir, pour toute oreille honnête et un peu exercée, avec les enregistrements des années 1960 qui complètent ces deux CD. Certes, dans un registre de mezzo, on a choisi ce qu'il y avait de mieux, oubliant les terribles airs de Mozart ou de Weber enregistrés à la même époque, mais la technique d'enregistrement prend déjà trop le relais des possibilités d'une voix épuisée qui n‘a plus, même dans cette tessiture, la spontanéité ni la stabilité, ni la fraîcheur de timbre qui firent sa gloire. Reste la volonté d'expression, la capacité d'émotion, mais ce sont les années 1950 qu'il faut écouter, surtout.
On rend souvent un très mauvais service à leur postérité en refusant de reconnaître que les plus grands artistes peuvent ne plus être ce qu'ils furent. On a connu le même problème avec Rudolf Noureev, qui ne fut pendant au moins les dix dernières années de sa carrière de danseur qu'un simulacre de lui-même. Ceux qui le voyaient croyaient voir le grand Noureev. Il n'en était rien.
Rendons à la Callas la justice de garder l'esprit clair et de discerner ce qui fut vraiment génial chez elle, dans les répertoires qui lui convenaient idéalement – et il y a de quoi se rassasier – et ce qui ne fut que des choix hasardeux ou qu'une survie plus ou moins bien assumée.
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