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SELECTION CD 19 avril 2024

Sélection CD/DVD avril 2009



Grandes voix d’hier et d’aujourd’hui, jeunes talents, hardiesses de stars et belles prestations moins médiatisées, l’actualité du disque est riche depuis le début 2009. Elisabeth Schwarzkopf l’incomparable nous revient avec un DVD d’archives inédites. L’éblouissant Lang Lang étonne avec un Chopin magistral. Les voix superbes d’Angela Gheorghiu et de Jonas Kaufmann confèrent une nouvelle noblesse à Madame Butterfly, parmi des publications très diversifiées.


Le 01/04/2009
Gérard MANNONI
 

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     Sélection CD/DVD avril 2009

    Schwarzkopf parmi nous



    Brahms, Gluck, Mahler, Mozart, Schubert, Schumann, Strauss, Verdi, Wolf
    Elisabeth Schwarzkopf, soprano
    Enregistrements de 1961-1967-1969-1970
    1 DVD Medici Arts



    Comme pour Maria Callas qui fut certainement avec elle la personnalité vocale dominante des années d’après-guerre, on possède finalement peu d’images d’Elisabeth Schwarzkopf chantant. Il y a bien l’intégrale du Chevalier à rose, un DVD d’airs d’opérettes viennoises (VAI) et ce Self portrait publié par EMI où la cantatrice raconte sa vie mais où tous les extraits sont coupés et réduits à quelques minutes, parfois quelques secondes, ce qui est très frustrant. Ils doivent pourtant bien exister en entier quelque part ! Qu’attend-on pour les publier ?

    Alors, ce DVD édité aujourd’hui par Medici Arts est absolument le bienvenu, même si son contenu est parfois un peu inégal à différents points de vue. Tout commence par un récital de Lieder enregistré pour la BBC en 1961, pleine maturité de la cantatrice. On la retrouve telle qu’en elle-même, bien présente et belle malgré le noir et blanc, dans son répertoire favori d’alors : Mozart, Gluck, Schubert, Wolf, avec Gerald Moore au piano. Fascinant !

    Vient ensuite une autre captation de la BBC, celle-là en couleurs car datant de 1970. La voix est excellente et l’on retrouve, toujours avec Moore au piano, Mozart, Schubert, Schumann, Brahms, Mahler, Wolf et Strauss. Références musicales mais un peu moins visuelles, car Schwarzkopf apparaît dans une sorte de mise en espace, dans un décor très british middle class chichiteux et présente chaque mélodie avec pas mal d’affectation. On se passerait et du décor et des va-et-vient de l’interprète, tout comme de ses commentaires. Mais il faut bien faire avec ce que l’on a, et ne soyons pas trop difficiles dans cette pénurie.

    Émotion absolue en revanche avec le concert de Pleyel 1967, accompagné par l’Orchestre de l’ORTF et Berislav Klobucar, et ce malgré une qualité d’image assez faible. Mais c’est Schwarzkopf face à son public avec des moments d’une intensité émotive exceptionnelle, comme la Chanson du saule et l’Ave Maria de Desdémone dans l’Otello de Verdi, escapade dans un répertoire qui n‘était pas le sien mais où elle est ici magistrale. Sublimes aussi, Morgen, et puis Zueignung, et encore plus Waldseligkeit de Strauss donnés en bis.

    Moins indispensables peut-être, les deux Menotti accompagnés par Geoffrey Parsons pour la BBC en 1969, mais encore une fois, tous ceux qui gardent la nostalgie de ces soirées de rêve que la grande Elisabeth nous faisait passer, seront émus de la revoir, dans l’ensemble telle que le souvenir nous la rappelle, avec cette manière bien à elle de sourire, d’entrer et de sortir de scène comme si elle faisait la conversation aux musiciens, mais avec un charme tellement viennois et même quelque peu royal !



     
    Deux stars pour Butterfly



    Giacomo Puccini (1854-1926)
    Madama Butterfly
    Angela Gheorghiu (Butterfly)
    Jonas Kaufmann (B.F.Pinkerton)
    Enlekelejda Shkosa (Suzuki)
    Fabio Capitanucci (Sharpless)
    Gregory Bonfatti (Goro)
    Raymond Aceto (Bonzo)
    Chœur et Orchestre de l’Académie de Sainte-Cécile
    direction : Antonio Pappano
    2 CD EMI 2 64167 2



    Ce nouvel enregistrement de Madame Butterfly réunissant deux des superstars actuelles du monde lyrique était très attendu. Aucune déception à la clé, même si ce n’était pas forcément gagné d’avance.

    Avec une habileté remarquable, Angela Gheorghiu, qui n’a jamais chanté le rôle à la scène, campe une Butterfly convaincante à tous les niveaux. La pureté de la voix, la qualité du phrasé et la nature même du timbre conviennent idéalement à cette héroïne-victime dont la cantatrice traduit à la fois la force et la fragilité, sans jamais forcer sur les effets ni sans sombrer dans un mélodrame extraverti à l’excès à la fin, erreur de tant d’autres interprètes. L’histoire est bien assez tragique et bouleversante comme cela sans qu’il soit besoin d’en rajouter, et la pudeur expressive mais bien théâtrale de Gheorghiu est d’une grande efficacité et d’une grande vérité.

    Presque caricatural dans son comportement de conquerrant avantageux, macho et égoïste, Pinkerton n’est pas le personnage le plus sympathique du répertoire. Toujours aussi habile chanteur, acteur et musicien, Jonas Kaufmann lui donne une épaisseur humaine inhabituelle. On aurait presque pitié de lui à la toute dernière scène. Sans doute la couleur plus sombre de sa voix que celle des ténors italiens habituels du rôle et l’extraordinaire capacité de Kaufmann à donner une forte intensité musicale à tout ce qu’il chante y sont pour beaucoup. En tous cas, le duo apporte à l’ouvre une sorte d’authenticité dans l’émotion bien appréciable.

    La très experte baguette d’Antonio Pappano y est aussi pour beaucoup, tout comme les belles couleurs du chœur, de l’orchestre et l’excellente manière dont sont tenus les rôles de Sharpless et de Suzuki.



     
    Lang Lang au sommet



    Frédéric Chopin (1810-1849)
    Concertos pour piano et orchestre
    Lang Lang, piano
    Orchestre Philharmonique de Vienne
    direction : Zubin Mehta
    1 CD et 1 DVD bonus Deustche Grammophon 477 7982



    Bénéficiant d’une médiatisation maximale, tour à tour vilipendé et porté aux nues par la critique, Lang Lang est incontestablement un phénomène pianistique hors normes. Gageons que cette fois, s’ils sont honnêtes, même ceux que tout le tapage et toute l’agitation qui entourent le virtuose agacent, devront bien reconnaître que la star chinoise vient frapper un grand coup.

    Son approche des deux concertos de Chopin est très fortement personnelle, parfois déroutante, mais tellement inspirée qu’elle ne peut qu’emporter l’adhésion. Voilà un Chopin repensé, reconstruit selon des données par instants surprenantes, mais qui n’ont rien d’iconoclaste, ni de gratuit.

    On est surpris par tel tempo inusité, par telle accentuation si inattendue que l’on met quelques secondes à s’y retrouver dans la musique, mais on se dit : « Pourquoi pas ? On n’y avait pas songé, mais c’est une des vérités de cette musique si changeante, si insaisissable, si moderne sous ses airs de romantisme convenu. Â»

    Assez génial, sans contredit. D’autant que l’orchestre est somptueux, mené par un Zubin Mehta qui joue le jeu tout en rappelant qu’il faut quand même raison garder. Une publication aussi gratifiante qu’excitante. Tout simplement magnifique.



     
    Kennedy l’original



    Ludwig van Beethoven
    Concerto pour violon
    Wolfgang Amadeus Mozart
    Concerto pour violon n° 4
    Horace Silver (arrangement Kennedy)
    Creepin’in
    Polish Chamber Orchestra
    Michal Baranski, contrebasse
    Nigel Kennedy, violon et direction
    1 CD Virgin 3 95373 2



    Que Nigel Kennedy soit un violoniste aussi talentueux qu’original est de notoriété publique. Fidèle à ses allures punk, il a toujours cultivé un comportement aussi bien humain que musical en marge des normes et des standards pratiqués par ses collègues. Un peu dérisoire et accrocheur ? Sans doute. Mais voilà. Nigel Kennedy a énormément de talent et joue très bien du violon.

    Si l’on s’en tient à la stricte qualité du jeu, du son, de l’analyse des partitions, on ne peut que louer la tenue d’archet, le choix des tempi et des accents, la fermeté du phrasé, bref, une manière très convaincante de faire passer le message beethovénien et mozartien, avec aussi quelque chose de personnel dans l’ensemble du propos qui ne peut que retenir l’attention et gratifier l’oreille et l’esprit.

    Reste alors la question du bien fondé du choix de ses cadences et notamment des insertions de jazz qu’il pratique dans Mozart. D’aucuns crieront au scandale, au massacre, au crime de lèse-Wolfgang. Pas si vite ! D’une part, Mozart en a vu d’autres et résiste très bien aux mille traitements, scéniques notamment, bien plus aberrants, voire simplement stupides auxquels ses opéras sont communément soumis de nos jours. On admire autant Mozart en trouvant le metteur en scène débile. Et puis, jazzifier quelques mesures au sein d’un concerto, est-ce davantage le trahir que chanter Pamina ou Donna Elvira comme le fait Diana Damrau sur son dernier disque ?

    Certainement beaucoup moins, car dans le cas de Kennedy, il y a au moins un travail créateur qui n’est que travail destructeur dans celui de Damrau. Sans aller jusqu’à dire que ces trangressions à la Kennedy apportent beaucoup à la partition, reconnaissons qu’elle renouent avec un certain esprit d’improvisation qui n’est pas étranger à celui du XVIIIe siècle et que, passé le premier moment d’étonnement, leur étrangeté incongrue nous empêche toute routine d’écoute, facilité si tentante avec Mozart !



     
    Gérard MANNONI


     

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