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SELECTION CD 26 avril 2024

Les Contes au noir



À l’opposé des productions d’opérette façon Moulin Rouge, les Contes d’Hoffmann selon Olivier Py jouent la carte de l’agonie et du cauchemar, et donnent une réelle épaisseur dramatique à un ouvrage souvent traité de manière trop légère. Une exécution musicale absolument admirable finit de faire de cette parution BelAir Classiques un must.


Le 07/08/2009
Yannick MILLON
 

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     Les Contes au noir



    Jacques Offenbach (1819-1881)
    Les Contes d’Hoffmann, opéra fantastique en cinq actes (1881)
    Livret de Jules Barbier et Michel Carré
    Version Fritz Oeser

    Marc Laho (Hoffmann)
    Stella Doufexis (La Muse / Nicklausse)
    Nicolas Cavallier (Lindorf / Coppélius / Miracle / Dapertutto)
    Éric Huchet (Andrès / Cochenille / Frantz / Pitichinaccio)
    Patricia Petibon (Olympia)
    Rachel Harnisch (Antonia)
    Maria Riccarda Wesseling (Giulietta)
    Nadine Denize (Voix de la mère d’Antonia)
    Francisco Vas (Spalanzani)
    Bernard Deletré (Schlemil)
    René Schirrer (Luther)
    Gilles Cachemaille (Crespel)
    Bisser Terzyski (Nathanaël)
    Romaric Braun (Hermann)
    Delphine Beaulieu (Stella)

    Chœur du Grand Théâtre de Genève
    préparation : Ching-Lien Wu
    Chœur Orpheus de Sofia
    préparation : Krum Maximov
    Orchestre de la Suisse romande
    direction : Patrick Davin
    mise en scène : Olivier Py
    décors et costumes : Pierre-André Weitz
    réalisation : Philippe Béziat
    Enregistrement : Grand Théâtre, Genève, 10/2008
    + documentaire : Après le spectacle (26 min. / Denis Sneguirev)

    2DVD BelAir Classiques


    À l’automne dernier, le Grand Théâtre de Genève faisait l’événement en programmant une Trilogie du diable selon Olivier Py au travers de ses trois mises en scène emblématiques du Freischütz, de la Damnation de Faust et des Contes d’Hoffmann. On saura gré au label BelAir Classiques d’avoir retenu le spectacle Offenbach, de loin le plus abouti musicalement, et qui donne bien la mesure du travail toujours prenant du metteur en scène.

    On ne cherchera pas ici le potache et les cuissots inoffensifs d’un Crazy Horse à la Jérôme Savary, pour se plonger au contraire dans une vraie réflexion sur les enjeux dramatiques d’un opéra beaucoup plus noir qu’il n’y paraît au premier abord et qui a toujours conservé, au-delà de la légende de l’inachèvement et des problèmes éditoriaux bien connus, une réelle part de mystère.

    Dans une scénographie dépourvue de couleur et reconnaissable entre mille, qui érige l’ampoule au rang de symbole de l’électricité naissante du Paris de Haussmann mais aussi des consoles de maquillage du monde du spectacle, Pierre-André Weitz a réussi le tour de force d’un décor sur tournette aussi mobile que la musique d’Offenbach, dont les changements à vue sont d’une précision d’orfèvre et d’une virtuosité épatante.

    Chez Olivier Py, chaque élément dramaturgique ressortit au monde du cauchemar : jamais Olympia n’aura été aussi inquiétante, Antonia aussi exsangue, Schlemil aussi pathétique, le Diable aussi cynique. Il est jusqu’à l’érotisme de l’acte de Venise de subir cette pression délétère, après avoir voué la fin de l’acte de Munich aux flammes de l’enfer. Image très forte également que celle des allégories de la femme au travers du prisme iconographique de Louise Brooks.

    On se réjouira d’ailleurs de la réalisation très fidèle de Philippe Béziat, qui contrairement au Tristan d’Andy Sommers, s’en tient à filmer du mieux possible le travail d’Olivier Py plutôt que d’y ajouter une couche supplémentaire de subjectivité qui finirait par diluer le propos initial.

    Au niveau musical, même excellence, avec la battue dramatique mais jamais dépourvue d’humour de Patrick Davin, qui couvre les longues pages de la contestable quoique musicologique version Fritz Oeser sans chute de tension et avec une caractérisation toujours très fine. De même, le plateau affiche une unité de troupe et une absence de starisation dont on avait toujours rêvé pour enfin entendre des Contes d’Hoffmann français de style comme d’élocution – à quelques broutilles près dans certains rôles secondaires exotiques, on peut tout à fait se passer du sous-titrage.

    On aura donc désormais tout loisir de mesurer la distance de conception qui sépare cette production de celle, magnifique visuellement mais quasi impossible textuellement, de Carsen à l’Opéra de Paris chez TDK. Quand la capitale, sous prétexte de prestige, affichait le Hoffmann défoncé à l’extrême mais d’un style déplorable et d’une diction barbare de Neil Shicoff, certains ont cru bon de devoir faire la fine bouche à Genève sur celui de Marc Laho, exemplaire de francité, de probité musicale, débarrassé de toute scorie, d’étalage de tripes mais à notre sens certainement pas transparent pour autant. Et qu’importe un aigu plutôt mince devant les bienfaits d’une incarnation rendant au texte sa légitimité.

    Parfois un rien plus flou dans les mots, Nicolas Cavallier impose un ton, une présence inquiétante et intérieure qui n’ont là non plus pas besoin de gesticulations de grand méchant loup pour effrayer. Malgré une pointe d’accent, la Muse et le Nicklausse de Stella Doufexis sont d’une habileté rhétorique constamment expressive, tout comme l’Antonia fragile et à la luminosité crépusculaire de Rachel Harnisch.

    En Olympia, Patricia Petibon excelle dans l’exercice mécanique et s’invente une émission génialement synthétique qui confère une dimension de malaise tout à fait inédite à son air. Seule Maria Riccarda Wesseling dépare un peu avec sa Giulietta en voix hirsute, tout sauf séduisante, mais au moins conforme à ce qu’en attend la scène. Enfin, parmi les comprimarii, Bernard Deletré, René Schirrer, Gilles Cachemaille et Éric Huchet font honneur à l’école de chant française historique.

    Un court documentaire de Denis Sneguirev, presque aussi glauque que la mise en scène, filmant Genève et le Grand Théâtre désertés après le spectacle, à la manière d’une ville morte, propose quelques pistes sur la production, éclairant succinctement les choix des principaux intervenants.




    Lien :
    Critique du spectacle en novembre 2008


     
    Yannick MILLON


     

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