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SELECTION CD 24 avril 2024

Un bon Pelléas… de notre époque



C’est à Vienne que Laurent Pelly faisait l’événement en janvier 2009, en montant Pelléas et Mélisande au Theater an der Wien avec un plateau a priori attirant. Impression mitigée pourtant devant le DVD du spectacle, classique, honnête, mais où la distribution confirme la difficulté des chanteurs actuels à rendre pleinement justice à l’écriture si particulière de Debussy.


Le 19/04/2010
Yannick MILLON
 

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     Un bon PellĂ©as… de notre Ă©poque

    Pelléas et Mélisande à Vienne
    Claude Debussy (1862-1918)
    Pelléas et Mélisande, drame lyrique en cinq actes (1902)
    Livret de Maurice Maeterlinck

    Stéphane Degout (Pelléas)
    Natalie Dessay (MĂ©lisande)
    Laurent Naouri (Golaud)
    Phillip Ens (Arkel)
    Marie-Nicole Lemieux (Geneviève)
    Beate Ritter (Yniold)
    Tim Mirfin (le Berger / le Docteur)

    Arnold Schönberg Chor
    ORF Radio-Symphonieorchester Wien
    direction : Bertrand de Billy
    mise en scène & costumes : Laurent Pelly
    décors : Chantal Thomas
    éclairages : Joël Adam

    Enregistrement : Theater an der Wien, Vienne, 2009
    2DVD Virgin Classics 6961379



    Très au-delà du bien chanter, l’unique opéra debussyste requiert avant tout une élocution impeccable et une déclamation d’une précision d’accents qui ne tolère pas la moindre approximation. Il fait appel en somme à un art du chant français qui appartient peut-être définitivement au passé. Et si dans la distribution de ce nouveau Pelléas, chacun sait se faire comprendre et déclamer – à l’exception notable de l’Arkel de Phillip Ens, poussif de la croche comme rarement – dans le détail, aucun ne rend pleinement justice aux spécificités de l’œuvre.

    D’un strict point de vue vocal, le couple Degout-Dessay n’est pas vraiment bien assorti. Chez elle, qui en rajoute sans cesse dans le théâtre – les rires, l’hyperactivité physique –, on sent constamment la chanteuse à contre-emploi, à l’étroit dans un personnage trop peu agissant. On regrettera aussi une voix qui bouge dès lors qu’elle veut donner du volume, un bas-médium grêle, et les sons attaqués par-dessous.

    Chez lui, le plus convaincant du plateau quant à la vocalité debussyste, tout est admirable : la noblesse, la rondeur de l’émission, l’homogénéité, le moelleux, le raffinement de la caractérisation et de la diction. Pourtant, on ne parvient à aucun moment à se défaire de l’idée que la couleur de ce magnifique baryton sombre d’opéra traditionnel n’est pas celle du rôle, dont les harmoniques aigus ne savent s’épanouir que chez les barytons clairs ou les véritables ténors – au IV plus encore qu’ailleurs.

    Depuis les représentations de 2007 au Théâtre des Champs-Élysées, le Golaud ogresque de Laurent Naouri a délaissé les sons blanchâtres et autres soufflets érigés en système qui ruinaient son incarnation. Débarrassé de ces scories, il laisse ici un personnage de vilain auquel la noblesse d’un Van Dam, d’un Souzay n’aurait pas nui. Enfin, si l’Yniold très voix d’enfant de Beate Ritter est des plus crédibles, impossible d’adhérer à l’autoritarisme de matrone et au poitrinage d’Azucena échouée en Allemonde de la Geneviève de Marie-Nicole Lemieux.

    La direction de Bertrand de Billy est d’une belle efficacité théâtrale, portant chaque situation vers l’avant avec un métier indéniable, en s’appuyant sur le lissage des bois et l'assise grave confortable du RSO Wien. Un tel fondu orchestral ne rend pas vraiment justice à l’individualisation des timbres typique de la musique française, mais le chef traverse les cinq actes avec une certaine réussite.

    Classique et habile, la mise en scène de Laurent Pelly n’appelle guère de commentaires et vaut surtout pour sa scénographie dépouillée sur plateau tournant qui permet une réelle fluidité visuelle en abolissant les notions d’intérieur et d’extérieur. Et du moins évite-t-elle l’écueil majeur dans cet opéra du non-dit : la lecture psychologique, défendue entre autres par la production Martinoty du TCE qu’ARTE diffusait récemment.

    Au final, une parution dans l’air du temps, qui confirme que l’on peine depuis presque cinquante ans à distribuer correctement l’ouvrage, et qui enrichit modestement la vidéographie, aux côtés de Boulez-Stein DG (pour la mise en scène et la direction) et Gardiner-Strosser Arthaus (pour la relecture et l’idiomatisme du plateau).

     
    Yannick MILLON


     

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