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SELECTION CD |
25 avril 2024 |
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SĂ©lection CD juillet 2011 |
L’étincelle Abbado
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Fidelio
Nina Stemme (Leonore)
Jonas Kaufmann (Florestan)
Christof Fischesser (Rocco)
Falk Struckmann (Don Pizarro)
Rachel Harnisch (Marzelline)
Christoph Strehl (Jaquino)
Peter Mattei (Don Fernando)
Arnold Schoenberg Chor
Mahler Chamber Orchestra
Lucerne Festival Orchestra
direction : Claudio Abbado
2 CD Decca 478 2551
Qui en était vraiment conscient ? Claudio Abbado n’avait jamais enregistré Fidelio. C’est chose faite grâce à la prise en direct réalisée au concert donné au festival de Lucerne 2010. Et quel concert ! C’est d’ailleurs du chef qu’il faut parler en premier, même si Jonas Kaufmann, Florestan, est une fois encore assez stupéfiant lui aussi.
La direction d’Abbado à la tête du Mahler Chamber Orchestra et du Lucerne Festival Orchestra réunis est d’une nouveauté et d’une intelligence qui fascinent. On croirait presque n’avoir jamais entendu cette partition pourtant abordée par les plus grands chefs de l’époque. Jamais l’œuvre n’est apparue à ce point comme l’opéra des Lumières, celui qui contient toutes les généreuses idées que Beethoven portait en lui et qu’il tenta à diverses reprises de placer au cœur de son œuvre.
Aucune pesanteur n’apparaît dans l’orchestration qui sonne au contraire comme le vif-argent, avec une vitalité et une énergie permanentes qui emportent irrésistiblement l’œuvre vers son dénouement non seulement musical mais idéologique. Magistral.
La distribution est un peu inégale, sans vraiment gâcher notre plaisir. Jonas Kaufmann est un Florestan incomparable d’élan, de passion, de force dramatique, de qualité vocale. Nina Stemme, grande voix certes, n’a malheureusement pas un timbre capable de susciter l’émotion. À des années-lumière d’une Martha Mödl, pourtant souvent à la peine dans cette tessiture mais irremplaçable d’intensité, ou d’une Leonie Rysanek, reine absolue du rôle de Léonore à tous égards.
Les autres sont assez bons, sauf le Pizzaro de Falk Struckmann décidément en perte de voix. Les chœurs sont formidables et l’ensemble reste d’un niveau unique aujourd’hui.
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Musique chez Louis XIV
Le clavecin du Roi Soleil
Jean-Patrice Brosse, clavecin
2 CD Saphir production LVC 1125
Sous le titre le Clavecin du Roi Soleil, Jean-Patrice Brosse publie un très original enregistrement qui suit à la trace, depuis la Renaissance, les différents musiciens ayant conduit peu à peu à l’essor du clavecin à Versailles. Ce n’est donc pas un catalogue, mais une histoire vivante, autant celle de l’instrument que du rapport des créateurs avec le clavier.
De la Pavane d’Attaignant au milieu du XVIe siècle aux solides pages de Rameau, de Marais, de Marchand ou de François Couperin, un voyage lumineux, coloré, permettant de découvrir bien des noms ignorés ou très mal connus, montrant à quel point l’inspiration pouvait être personnalisée à partir de formes fixes et théoriquement immuables.
Ce travail d’interprétation est doublé de la publication d’un livre éponyme, car Jean-Patrice Brosse est autant chercheur qu’interprète. Il nous laisse une nouvelle fois la possibilité d’approfondir encore notre écoute.
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David Fray face Ă Mozart
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 22 en la majeur KV 482
Concerto pour piano n° 25 en ut majeur KV 503
David Fray, piano
Philharmonia Orchestra
direction : Jaap van Zweden
1 CD/DVD Virgin Classics 50999 641964 0 4
On aime la personnalité de David Fray, sa sincérité, son originalité et le courage avec lequel il assume des choix qui ne plaisent pas toujours à tout le monde. Avec ce nouveau CD doublé d’un film DVD de Bruno Monsaingeon, il prend de nouveaux risques. Car autant son approche de Bach ou de Schubert au concert notamment pouvait sembler largement défendable, voire très convaincante et séduisante, autant sa vision de Mozart, dans ces deux concertos, laisse plus dubitatif.
Il y a toujours de la finesse, de l’intelligence, un sens musical évident, mais aussi un toucher parfois un peu sec, un manque sensualité, comme une difficulté à ne pas rester à la surface de l’écriture mozartienne. C’est du joli piano, sans aucun doute, fin et intelligent, mais on attendait d’autres couleurs, plus d’imagination, de la part d’un artiste à l’instinct et à l’enthousiasme aussi exceptionnels.
Dirigé par Jaap van Zweden, le Philharmonia Orchestra ne semble pas parvenir à une véritable osmose avec le soliste dont il n’épouse les options que d’assez loin. Peut-être qu’avec un orchestre plus apte à entrer dans ce jeu particulier, ou plus désireux de le faire, David Fray aurait-il pu s’exprimer de manière plus absolue.
On est très exigeant avec les artistes dont le talent peut se montrer éblouissant.
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Le jeune Beethoven
Beethoven – The birth of a master
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Les Créatures de Prométhée, ouverture
Romance pour violon et orchestre en fa majeur op. 50
Julien Chauvin, violon
Air de Marcelline (Leonore)
No, non turbarti
Ah, Perfido
Alesandra Coku, soprano
Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21
Le Cercle de l’harmonie
direction : Jérémie Rohrer
1 CD Ambroisie AM 204
En regroupant des œuvres de Beethoven composées autour de l’année 1800, Jérémie Rohrer nous donne l’occasion de revenir aux sources de ce que l’immense compositeur allait développer pendant le quart de siècle suivant. On trouve donc d’abord une sorte de rappel documentaire, avec des pages que l’on connaît, bien sûr, mais qui ne sont pas forcément celles que l’on écoute le plus souvent.
Les Créatures de Prométhée, d’abord, seul et unique ballet de Beethoven, créé en 1801 et dont on ne joue guère aujourd’hui que l’ouverture, connut pourtant son heure de gloire avec le ballet que signa Serge Lifar. Dommage peut-être de s’en tenir ici de nouveau à cette seule ouverture, même s’il est intéressant de la mettre en regard de la Première Symphonie dont elle est à une année près contemporaine.
Côté vocal, si Alexandra Coku se montre une bonne Marcelline dans l’air O war’ ich schon mit dir vereint extrait de Leonore, si elle est plausible dans le modeste No, non turbarti, elle est nettement dépassée par le très ample Ah Perfido, cet air de concert plus dans les cordes d’une Astrid Varnay ou d’une Birgit Nilsson et où même Schwarzkopf frôla la catastrophe.
En revanche, excellente interprétation de la Romance pour violon et orchestre en fa majeur op. 50 par Julien Chauvin, belle sonorité, inventivité et phrasé superbe. Le meilleur moment de ce CD, avec la Première Symphonie à laquelle Rohrer et ses musiciens du Cercle de l’Harmonie donnent vie, couleur, dans une dimension parfaitement adéquate, très bien pensée par rapport à l’époque de sa composition, l’année 1800.
Une publication originale et intéressante malgré ses quelques inégalités.
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Immortelle Margaret
A tribute to Margaret Price
Lieder de Richard Strauss et Franz Liszt
Wolfgang Sawallisch, piano
James Lockhart, piano
Margaret Price, soprano
1 CD EMI 029232 2
Retrouver la voix de Margaret Price, quel plaisir toujours immense ! Celle qui fut l’une des plus grandes révélations vocales de l’ère Liebermann à l’Opéra de Paris, splendide dans Mozart, magnifique dans Strauss et Verdi et même très plausible Isolde au disque avec Carlos Kleiber, une entreprise hardie sauvée par la qualité de son timbre et son art du chant – Leonie Rysanek avait refusé le rôle jugeant ses moyens pourtant énormes insuffisants, ce qui laisse rêveur aujourd’hui !
La voici de retour avec ces mélodies de Strauss enregistrées à Munich en 1986 et de Liszt enregistrée à Londres en 1973. James Lockhart est au piano pour Liszt, rien moins que Sawallisch pour Stauss, et nul doute que tous ceux qui eurent la chance de vivre l’époque Margaret Price et tous ceux à qui le disque l’a révélé seront plus inconditionnels que jamais de cette voix au velours et à la lumière irremplaçables.
Cela ne se critique pas, cela s’écoute.
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| GĂ©rard MANNONI
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