Une sage production barcelonaise |
Une sage production barcelonaise
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
La Dame de Pique
Misha Didyk (Hermann)
Emily Magee (Lisa)
Lado Atanelli (Tomski)
Ludovic TĂ©zier (Eletski)
Ewa Podles (la Comtesse)
Elena Zaremba (Pauline)
Chœur et Orchestre du Liceu de Barcelone
direction : Michael Boder
mise en scène : Gilbert Deflo
décors & costumes : William Orlandi
Ă©clairages : Albert Faura
préparation des chœurs : José Luis Basso
captation : Pietro d’Agostino
Enregistrement : Gran Teatre del Liceu, Barcelone, 06-07/2011
2 DVD OPUS ARTE OA 1050 D
Parallèlement au retour de la Dame de Pique de Lev Dodin sur la scène de l’Opéra Bastille, chroniqué dans ces colonnes, après le commentaire du DVD paru il y a quatre ans, le catalogue s’enrichit en ce mois de janvier de deux nouvelles références consacrées à l’opéra de Tchaïkovski.
Opus Arte, tout d’abord, édite le spectacle on ne peut plus classique mais très correct de Gilbert Deflo au Liceu de Barcelone. Rien ne manque à l’appel de la somptuosité des peintures de Saint-Pétersbourg, des décors aux costumes, même si l’on a déjà connu éclairages plus discrets dans les scènes nocturnes. Que dire de plus sur cette mise scène sans surprise, conventionnelle dans le meilleur sens du terme, tentant de suivre l’intrigue au plus près ?
On ne condamnera ouvertement que le jeu de scène outré, aux limites du grotesque, de la Comtesse d’Ewa Podles, qui ne risque pas de traduire, avec ses gonflements de joue de batracien essoufflé, la peur de l’octogénaire face à celui qui cherche à lui extorquer son secret.
Au niveau musical, on retrouve l’inoxydable Eletski de Ludovic Tézier, aux limites de l’inhumaine perfection, qui reste toutefois le mieux chantant du plateau. Le Tomski de Lado Atanelli offre de curieux aigus au vibrato mécanique, Emily Magee, dont le faciès évoque ici Roselyne Bachelot, une Lisa trop opulente et à la jeunesse peu crédible, la Pauline d’Elena Zaremba une caricature de contralto-vibrator.
Reste Ewa Podles, Comtesse à la présence écrasante, aux graves dantesques, qui serait beaucoup plus impressionnante encore sans l’image, et l’Hermann laryngé mais assez clair de l’Ukrainien Misha Didyk, qui possède l’atout de l’idiomatisme, en plus d’une certaine flamme.
La direction de Michael Boder, aux contours clairement définis – orchestre du Liceu affûté, malgré une clarinette couaqueuse –, fait avancer le drame mais peine à délivrer les sommets de tension attendus, plafonnant vite dans la nuance comme dans l’énergie théâtrale. Rien d’indigne donc dans cette Dame de Pique bien faite, plutôt habilement filmée, à la prise de son très présente, mais moyennement chantée et dirigée, et qu’on réservera par conséquent à ceux qui visent à l’exhaustivité.
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