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SELECTION CD 23 avril 2024

SĂ©lection DVD septembre 2012



Récoltes inégales de captations opératiques en cette rentrée où Altamusica passe au crible des productions de Milan, Salzbourg, Berlin et Amsterdam. On en retiendra surtout, outre le retour du Parsifal de Kupfer, l’Affaire Makropoulos sensationnelle de Christoph Marthaler et Esa-Pekka Salonen, ainsi qu’une Femme sans ombre portée aux sommets par Christian Thielemann et Anne Schwanewilms.


Le 07/09/2012
Yannick MILLON
 

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     SĂ©lection DVD septembre 2012

    La flûte en chambre noire



    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Die Zauberflöte
    Günther Groissböck (Sarastro)
    Saimir Pirgu (Tamino)
    Detlef Roth (Sprecher)
    Albina Shagimuratova (Königin der Nacht)
    Genia KĂĽhmeier (Pamina)
    Aga Mikolaj (Erste Dame)
    Heike Grötzinger (Zweite Dame)
    Maria Radner (Dritte Dame)
    Alex Esposito (Papageno)
    Ailish Tynan (Papagena)
    Peter Bronder (Monostatos)
    Barbara Massaro (Erster Knabe)
    Elena Caccamo (Zweiter Knabe)
    Eleonora De Prez (Dritter Knabe)
    Roman Sadnik (Erster geharnischte Mann)
    Simon Lim (Zweiter geharnischte Mann)
    Coro ed orchestra del Teatro alla Scala
    direction : Roland Boër
    mise en scène : William Kentridge
    décors : William Kentridge & Sabine Theunissen
    costumes : Greta Goiris
    Ă©clairages : Jennifer Tipton
    vidéo : Catherine Meyburgh
    préparation des chœurs : Bruno Casoni
    captation vidéo : Patrizia Carmine
    Enregistrement : Scala, Milan, mars & avril 2011
    DVD Opus Arte OA 1066 D




    Trois cœurs seulement pour la Flûte enchantée déjà mythique de William Kentridge, cela peut paraître sévère, mais qu’on ne s’y trompe pas. Il semblerait en effet que le spectacle ait été capté un rien en bout de course, après avoir fait les riches heures de Bruxelles, Aix et New York, avant Paris en décembre dernier.

    La mise en scène du plasticien sud-africain n’est pas en cause, toujours juste dans son mélange d’approche géométrique et de symbolisme maçonnique, de combat entre l’obscurité et la lumière par le biais de la chambre noire d’un vieil appareil photo, et d’Égypte envisagée sous l’angle colonial, prolongement naturel de la volonté d’expansion un peu perverse de l’Âge des Lumières au XIXe siècle, sans tomber dans le manichéisme – la cruelle chasse au rhinocéros au nom du monde de Sarastro.

    Si le DVD s’avère en deçà des attentes, c’est d’une part en raison de la captation de Patrizia Carmine, laissant le spectateur sans la moindre idée de ce à quoi pouvait ressembler le spectacle en salle, multipliant cadres et projections vidéos autour de celles déjà abondantes de la scène, mais plus encore en raison d’une distribution assez médiocre, jusque dans des petits rôles pourtant en or – Dames, Knaben, Sprecher et Monostatos sans style, Papagena chantant jusqu’au bout comme une vieille.

    Encore que dans les rôles principaux, hormis la Reine de la nuit admirablement dardée d’Albina Shagimuratova et la Pamina de rêve de Genia Kühmeier, d’une féminité frémissante épanouie comme jamais – sans doute plus encore qu’avec Pierre Audi à Salzbourg (Decca) –, on ne trouve guère plus de matière à l’extase : Tamino pourtant di grazia de Saimir Pirgu, plus évident en italien, ici les yeux constamment rivés sur le chef ; Sarastro court en ampleur et en idées de Günther Groissböck ; Papageno cabotin, souvent trop plébéien, d’Alex Esposito.

    Roland Boër, à la tête d’un Orchestre de la Scala aux vilains violons mais aux vents maçonniques à souhait, défend un Mozart rond et allégé, sans pesanteur ni raideur, qui respire avec de belles couleurs, non sans avoir piqué au passage les bruitages et transitions pour pianoforte de René Jacobs.



     
    L’Odyssée du Graal



    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal
    Poul Elming (Parsifal)
    Falk Struckmann (Amfortas)
    John Tomlinson (Gurnemanz)
    Waltraud Meier (Kundry)
    GĂĽnter von Kannen (Klingsor)
    Fritz HĂĽbner (Titurel)
    Carola Höhn (Erste Blumenmädchen)
    Brigitte Eisenfeld (Zweite Blumenmädchen)
    Borjana Mateewa (Dritte Blumenmädchen)
    Carola Nossek (Vierte Blumenmädchen)
    Laura Aikin (Fünfte Blumenmädchen)
    Elvira Dressen (Sechste Blumenmädchen)
    Peter Bindszus (Erster Gralsritter)
    Gerd Wolf (Zweiter Gralsritter)
    Peter Menzel (Erster Knappe)
    Andreas Schmidt (Zweiter Knappe)
    Elvira Dressen (Dritter Knappe)
    Efrat Ben-Nun (Vierter Knappe)
    Rosemarie Lang (altsolo)

    Chor der Deutschen Staatsoper
    Staatskapelle Berlin
    direction : Daniel BarenboĂŻm
    mise en scène : Harry Kupfer
    décors : Hans Schavernoch
    costumes : Christine Stromberg
    préparation des chœurs : Ernst Stoy
    captation vidéo : Hans Hulscher
    Enregistrement : Staatsoper, Berlin, 1992
    3 DVD Euro Arts 2066738




    Grand classique wagnérien, le Parsifal de Harry Kupfer connaît enfin sa première édition au DVD, dans un pressage très correct en trois galettes, avec une assez bonne définition eu égard à la date de la captation (1992) mais toujours quelques traînées et fourmillements sur les rares déplacements rapides.

    Dans la lignée de son Ring post-apocalypse pour Bayreuth, Kupfer conçoit le Bühnenweihfestspiel en une vaste odyssée spatio-temporelle à la scénographie futuriste, entièrement faite d’immenses parois réfléchissantes abolissant toute notion d’espace, démultipliant les possibilités dramaturgiques en écho au célèbre Zum Raum wird hier die Zeit de Gurnemanz.

    Projections laser discrètes, fumées chéraldiennes, évocations météorologiques au Vendredi saint, passerelle-lance d’Amfortas, décor bunker et sa porte de coffre-fort monumentale tant pour Montsalvat que pour le royaume de Klingsor en négatif, filles-fleurs invisibles, remplacées en scène par un gazon vallonné constellé d’écrans tentateurs, on est bien dans l’univers de science-fiction cher au metteur en scène est-allemand.

    La direction d’acteurs, comme toujours chez Kupfer, est concentrée, avec une vraie tension des corps, particulièrement sensible dans le jeu de Waltraud Meier, monument de douleur, d’ambiguïté et de richesse théâtrale.

    Pour servir ce voyage initiatique, la battue lente et gorgée de résignation de Daniel Barenboïm évoque un monde en pleine déliquescence, avec une tristesse et une interrogation omniprésentes. La parfaite réverbération de la salle de la Staatsoper de Berlin, les couleurs sombres de l’orchestre, le travail stupéfiant sur le fondu instrumental concordent à merveille avec la scène.

    Côté distribution, hormis la Kundry inapprochable, absolue de Waltraud Meier, qui presque dix ans après ses débuts fracassants à Bayreuth possède le rôle comme personne et jouit encore d’un instrument intact, au haut registre brillant et aux subtilités de sorcière déjà sans pareilles, on a joué la solidité.

    Le Parsifal de Poul Elming, souvent dans la gorge, est parfait dans le genre peu éduqué et garde tout du long une certaine clarté d’émission, sans toutefois la moindre subtilité de récitaliste. John Tomlinson est un Gurnemanz grognon, fort en gueule, facilement gagné par la vindicte, chantant avec une constance monolithique de toute la noirceur de son timbre.

    Le Klingsor de Günter von Kannen est un modèle de déclamation, sans outrances, à l’opposé de l’Amfortas écrasant de Falk Struckmann, aux forceps, en éructations et éclats bien peu royaux. L'ensemble mérite sa place dans toute bonne vidéographie, malgré un sous-titrage français d’une insondable bêtise, constellé de fautes d’orthographe et, sur notre matériel en tout cas, d’un petit bug d’affichage.


     
    Une Affaire en or



    Leoš Janáček (1854-1928)
    Věc Makropulos
    Angela Denoke (Emilia Marty)
    Raymond Very (Albert Gregor)
    Peter Hoare (VĂ­tek)
    Jurgita Adamonyté (Krista)
    Johan Reuter (Jaroslav Prus)
    Aleš Briscein (Janek)
    Jochen Schmeckenbecher (Dr KolenatĂ˝)
    Linda Ormiston (une femme de chambre Ă©cossaise)
    Peter Lobert (un objecteur de conscience)
    Ryland Davies (Haus-Ĺ endorf)
    Sasha Rau (Jin Ling)
    Silvia Fenz (Mary Lang)
    Anita Stadler (Anita Stadler)
    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Angelika Prokopp Sommerakademie
    Wiener Philharmoniker
    direction : Esa-Pekka Salonen
    mise en scène : Christoph Marthaler
    décors & costumes : Anna Viebrock
    Ă©clairages : Olaf Winter
    préparation des chœurs : Jörn H. Andresen
    captation vidéo : Hannes Rossacher
    Enregistrement : Großes Festspielhaus, Salzburg, août 2011
    Blu-ray Disc Cmajor Unitel Classica 709604




    Spectacle phare de Salzbourg 2011, l’Affaire Makropoulos selon Christoph Marthaler est d’emblée proposée sur deux supports, DVD et BD, comme cela semble devenir petit à petit la norme, laissant aux possesseurs d’un lecteur Blu-ray le choix d’un investissement immédiat en haute-définition.

    Outre la direction d’acteurs du metteur en scène suisse, qui sait caster des gueules autant que des voix – il y a du génie théâtral, au début du II, entre la femme de chambre et l’objecteur de conscience –, la production marque surtout par l’incroyable décor d’Anna Viebrock, qui utilise toute la largeur du cadre de scène du Großes Festspielhaus avec une virtuosité narrative bluffante, magnifiée par des éclairages au cordeau.

    On ne reviendra pas sur le spectacle lui-même, analysé dans ces colonnes en août 2011, monument d’adéquation avec l’univers kafkaïen où est campée l’intrigue, entre bureaucratie et tribunal, pour se concentrer sur la captation, essentiellement basée sur la diffusion en direct de la première, enrichie d’une représentation supplémentaire.

    Outre quelques inutiles plans sur le chef inactif au moment où il se passe bien des choses sur scène, notamment dans le prologue muet rajouté, brillantissime, et quatre ou cinq plans assez courts dans un ralenti Basse Définition bien laid, le filmage de Hannes Rossacher, tentant de donner toute sa place au décor, est plutôt une bonne surprise.

    La distribution reste remarquable à la captation, Angela Denoke et sa vocalité extra-terrestre mais toujours d’une immense expressivité en tête, avec une mention spéciale pour la Krista de Jurga Adamonyte, véritable joyau.

    Ă€ la tĂŞte de Wiener compacts et trapus Ă  souhait, Salonen dĂ©chaĂ®ne la fureur quasi bruitiste du dernier ouvrage lyrique de Janáček avec une puissance sidĂ©rante, un rien en noir et blanc. On regrettera juste l’absence de tout bonus, notamment sur la conception scĂ©nique, mais l’ensemble vaut sans hĂ©sitation un Coup de cĹ“ur Altamusica.



     
    La Femme sans Hofmannsthal



    Richard Strauss (1864-1949)
    Die Frau ohne Schatten
    Stephen Gould (Kaiser)
    Anne Schwanewilms (Kaiserin)
    Michaela Schuster (Amme)
    Wolfgang Koch (Barak)
    Evelyn Herlitzius (Färberin)
    Markus BrĂĽck (Der EinaĂĽgige)
    Steven Humes (Der Einarmige)
    Andreas Conrad (Der Bucklige)
    Thomas Johannes Mayer (Der Geisterbote)
    Rachel Frenkel (Die Stimme des Falken)
    Peter Sonn (Erscheinung eines JĂĽnglings)
    Maria Radner (Eine Stimme von oben)
    Christina Landshammer (Ein HĂĽter der Schwelle des Tempels)
    Salzburger Festspiele Kinderchor
    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Angelika Prokopp Sommerakademie
    Wiener Philharmoniker
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Christof Loy
    décors : Johannes Leiacker
    costumes : Ursula Renzenbrink
    Ă©clairages : Stefan Bolliger
    préparation des chœurs : Thomas Lang & Wolfgang Götz
    Enregistrement : GroĂźes Festspielhaus, Salzburg, 29 juillet 2011
    Blu-ray Disc Opus Arte OA BD7104 D (disponible en DVD)




    Unanimement louée pour sa partie musicale, la Femme sans ombre confiée à Christof Loy par le festival de Salzbourg 2011 a fait couler beaucoup d’encre en raison de la délocalisation de la dramaturgie féérique d’Hofmannsthal dans le prosaïsme d’une salle d’enregistrement où des artistes de la Vienne de l’après-guerre – l’équipe Decca de Böhm en l’occurrence – gravent leur version de la FrOSch.

    En soi, le spectacle se tient et propose une alternance intéressante de moments on the air et off the air illustrant les relations des chanteurs hors micro, les rivalités, les histoires sentimentales, et une kyrielle de choses passionnantes qui n’ont rien à voir avec le conte symboliste originel.

    Pourtant, et pardon aux puristes de le penser, la magie opère, surtout grâce à la présence lumineuse de cette Impératrice si touchante dans la fragilité de sa jeune chanteuse au cœur pur, filmée par le réalisateur sous toutes les coutures, jusqu’au gros plan le plus impudique.

    Le décor de feu la Sofiensaal, l’habileté à gérer les passages de foule dans cette Vienne rongée par la faim, et cet épisode final, version de concert avec sapin de Noël et toutes les kitscheries possibles, avant une dernière image instillant le doute quant au rêve, laissent pourtant des souvenirs plein la tête, preuve que le spectacle, tout hors sujet qu’il soit, n’en est pour autant pas moins réussi.

    Impossible donc de recommander cette Femme sans ombre comme version de premier abord – on se tournera vers Friedrich-Solti (Salzbourg 1992, Decca) pour cela – mais les connaisseurs cherchant autre chose que la lettre pure et l’esprit pur de l’œuvre trouveront dans cette parution matière à beaucoup d’intérêt.

    Stephen Gould toujours raide, Evelyn Herlitzius parfaite de volcanisme frigide, Wolfgang Koch merveilleux de tendresse à la Walter Berry, Thomas Johannes Mayer infiniment flatté par les micros, la distribution vaut surtout pour un trésor absolu, l’Impératrice d’Anne Schwanewilms, monument de délicatesse, de féminité lumineuse, de bien chantance – la pureté incroyable de l’aigu –, sans les limites de format et de volume notés en salle.

    Quant à Christian Thielemann, il signe l’une des plus belles prestations de fosse de sa carrière, tout en largeur, en sostenuto suivant à merveille le rubato des chanteurs, en transitions amoureusement ouvragées, à la tête d’un Philharmonique de Vienne inouï – les violons concluant le I –, autant dans des tutti d’une plénitude grisante que dans des soli soignés au-delà de l’imaginable.



     
    Un Onéguine confus



    Piotr Illitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    Yevgeny Onegin
    Bo Skovhus (Eugène Onéguine)
    AndreĂŻ Dunaev (Lenski)
    Mikhaïl Petrenko (Grémine)
    Krassimira Stoyanova (Tatiana)
    Elena Maximova (Olga)
    Olga Savova (Larina)
    Nina Romanova (Filipievna)
    Guy de Mey (Monsieur Triquet)
    Chœur du Nederlandse Opera
    Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam
    direction : Mariss Jansons
    mise en scène : Stefan Herheim
    décors : Philipp Fürhofer
    costumes : Gesine Völlm
    Ă©clairages : Olaf Freese
    préparation des chœurs : Martin Wright
    captation vidéo : Misjel Vermeiren
    Enregistrement : Opéra, Amsterdam, juin 2011
    Blu-Ray Disc Opus Arte OA BD7200 D (disponible en DVD)




    Le foisonnant jeune metteur en scène norvégien Stefan Herheim, hormis le coup de maître du Parsifal donné à Bayreuth depuis 2008 – mais qui s’est affaibli au fil des ans –, a pour l’heure essentiellement aligné les échecs dans les ouvrages lyriques qu’il a abordés – Enlèvement au sérail et Salomé à Salzbourg notamment. Le voilà qui trébuche à nouveau sur Eugène Onéguine à Amsterdam.

    Après avoir très justement convoqué l’histoire de l’Allemagne chez Wagner, il nous ressert le couvert sans justification dans la Polonaise ouvrant le troisième acte de l’opéra de Tchaïkovski, où se succèdent toute une série de personnages de l’histoire russe : popes, athlètes de l’ex-URSS, jusqu’à deux cosmonautes assez grotesques.

    Déjà présent au lever de rideau vécu tel un flash-forward, Onéguine traînera sa silhouette de fantôme presque tout le long d’un spectacle en conjectures biscornues, rédigeant entre autres lui-même la lettre de Tatiana dans une scène perdant tout sentiment de solitude gorgée d’espoir.

    De même de la jeune femme, traînant d’emblée comme un boulet – réel ou imaginaire, chacun tentera de comprendre – une sorte de Grémine jeune qui l’attend au lit au moment de la lettre, et qui se servira d’une paysanne innocente comme écran dans la scène d’humiliation où Onéguine la repousse.

    Autant d’idées vaines et tirées par les cheveux, dont la moindre n’est pas de faire perdre, par le bousculement temporel initial, l’une des richesses de l’œuvre, à savoir la transformation du personnage, de la timide Tatiana provinciale à la magnifique princesse mariée à un notable.

    Malgré une scénographie très belle, on reste sur le bord de la route de ce détournement inoffensif et confus, venant après les mises en scène ô combien plus probantes d’Andrea Breth à Salzbourg (DG) et Dmitri Tcherniakov à Paris et Moscou (BelAir).

    Un échec scénique d’autant plus regrettable qu’on tenait une solide équipe musicale, portée par les très belles couleurs du Concertgebouw et la battue toutefois inégale de Mariss Jansons, s’abandonnant à l’inspiration de l’instant, indécis dans des options sans ligne directrice.

    Bo Skovhus, comme d’ordinaire très engagé en scène, n’a plus guère de fraîcheur vocale à offrir à la matière du jeune Onéguine, auquel il confère pourtant un sentiment de déréliction parfaitement adapté aux velléités d’un personnage si peu sympathique. En dépit d’une apparence vraiment peu crédible en jeune femme exaltée par ses lectures, la presque quinquagénaire Kressimira Stoyanova fournit à Tatiana un très beau matériau, au noyau fin, aux superbes nuances et à l’ardeur intérieure tout en justesse des intentions.

    Elena Maximova est une grande Olga à l’ancienne, contralto charnu et nourri, Nina Romanova une Nourrice aux moyens encore vénérables, Guy de Mey un Monsieur Triquet à la drôle de diction et au souffle de canari mais au timbre délicieusement vert, Andreï Dunaev un authentique représentant de l’école de ténors russe, élégiaque, clair et bien timbré à la fois, avec l’avantage indéniable des natifs quant à la déclamation.

    Au final, seul le Grémine de Mikhaïl Petrenko, fausse voix de basse tubée et trafiquée, abusant de la voyelle vague pseudo slave, apporte une légère ombre au tableau. Un drôle de DVD qu’on retiendra avant tout pour la musique.

     
    Yannick MILLON


     

  • SĂ©lection DVD septembre 2012
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