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SELECTION CD |
19 avril 2024 |
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SĂ©lection CD octobre 2012 |
Pour Gergiev
Richard Strauss (1864-1949)
Elektra
Jeanne-Michèle Charbonnet (Elektra)
Angela Denoke (Chrysothémis)
Dame Felicity Palmer (Clytemnestre)
Matthias Goerne (Oreste)
Ian Storey (Égisthe)
Lonsdon Symphony Orchestra
dir : Valery Gergiev
2 CD LSO Live LS00701 2SACD
Un chef inspiré peut à lui seul sauver un enregistrement ou un spectacle. Dans le cas cette Elektra de la série LSO, enregistrée en direct au Barbican Center en janvier 2010, on est aussi fasciné par la direction fulgurante de Gergiev que déçu par la médiocrité de la distribution vocale.
Tout est passionnant dans l’approche que le grand chef russe propose de cette partition qui lui convient particulièrement bien par sa force, ses élans, son lyrisme, ses aspects démesurés, sa folie. Il sait aussi bien fouiller dans la masse orchestrale pour faire briller tel ou tel pupitre que lancer les grands ensembles avec une générosité bouleversante.
Il y a de bout en bout une exceptionnelle qualité sonore et un souffle qui rejoint bien celui de la tragédie antique. Vraiment grandiose à tous égards. Mais quel dommage qu’il n’existe guère aujourd’hui de voix pouvant correspondre à cet ouragan !
Il eût fallu une Varnay ou une Nilsson là où Jeanne-Michèle Charbonnet ne propose qu’une voix flasque et instable, sans couleur ni chair capable de s’imposer sur pareil orchestre. Angela Denoke est elle aussi dépassée par des exigences au-delà de ses moyens et à part Matthias Goerne, possible, les hommes ne s’imposent pas de manière inoubliable.
Dame Felicity Palmer est une Clytemnestre impressionnante par l’intelligence avec laquelle elle utilise les débris d’une grande voix, mais y a-t-il jamais eu une mauvaise Clytemnestre ?
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Deux générations pour Mozart
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concertos pour piano n° 20 et 21
Jan Lisiecki, piano
Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise
direction : Christian Zacharias
CD Deutsche Grammophon 479 0061
Un grand interprète éprouvé et un tout jeune talent s’unissent ici pour nous donner deux concertos de Mozart très bien enlevés et d’une épatante sincérité. Christian Zacharias est en effet ici à la tête de l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise pour diriger les Concertos n° 20 et 21 dont le jeune Jan Lisiecki, 17 ans, est le soliste.
Ce canadien d’origine polonaise est ce de ceux qui semblent nés les mains sur un clavier. Une sorte d’instinct hors d’âge qui, certainement bien chaperonné par l’éminent mozartien qu’est Zacharias, trouve comme spontanément son chemin dans cette musique à la fois évidente et si difficile à saisir.
Toucher fruité, coloré, phrasé inventif, vitalité, capacité à dialogue avec l’orchestre, voilà bien un tempérament riche, raffiné, déjà doté d’excellents moyens pour s’exprimer. Zacharias apporte de son côté la vision bien approfondie que sa longue expérience de Mozart lui permet de bâtir en toute sûreté. Un disque sympathique, important, une jeune carrière à suivre.
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DĂ©cevant Trifonov
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en sib mineur op. 23
Pièces de Tchaïkovski, Chopin, Schubert/Liszt, Schumann/Liszt
Daniil Trifonov, piano
Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg
direction : Valery Gergiev
CD Mariisnki MAR0530
Encore Gergiev au pupitre de l’Orchestre du Mariinski, cette fois pour le Premier Concerto de Tchaïkovski avec Daniil Trifonov en soliste. Vingt-et-un ans, médaille d’or au Concours Tchaïkovski de Moscou (entre autres récompenses internationales), Trifonov incarne la nouvelle génération montante russe.
Virtuosité incontestable, toucher de qualité, de l’énergie, un bel engagement, avec toute la fougue de Gergiev, le concerto si célèbre est enlevé généreusement. Ce n’est pas la meilleure interprétation du monde, mais cela décoiffe quand même. Bon. Et ensuite ?
Vient un curieux programme où le jeune pianiste s’expose tout seul, avec des œuvres qui ne montrent pas grand chose. Dommage. Hormis la Barcarolle de Chopin correctement abordée sans plus, il n’y a qu’une suite de transcriptions de mélodies de Schubert et de Schumann par Liszt, qui ne permettent que d’apprécier encore sûreté et agilité des doigts, mais rien d’intéressant ni de très révélateur dans le domaine de la sensibilité, de l’imagination, en un mot de l’interprétation. Après un beau disque Chopin, on attendait nettement mieux.
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Romantisme de rĂŞve
Le Paris des Romantiques
Reber, Berlioz, Liszt
Bertrand Chamayou, piano
Julien Chauvin, violon
Le Cercle d’Harmonie
direction : Jérémie Rhorer
CD NaĂŻve Ambroisie AM205
Réussite absolue pour ce disque pas comme les autres. Un programme original, des instruments d’époque et des interprètes aussi inspirés qu’intelligents et fondamentalement personnels. Pour son premier enregistrement, la Quatrième Symphonie de Napoléon-Henri Reber bénéficie de la direction tonique, équilibrée, raffinée de Jérémie Rhorer à la tête du Cercle de l’Harmonie.
Une vraie découverte. Contemporaine de Berlioz et comme lui personnalité majeure de la vie musicale de l’époque, Reber est, reconnaissons-le, quasiment oublié aujourd’hui. À découvrir, donc, sous les meilleurs auspices. Pas vraiment très connu, Rêverie et Caprice pour violon et orchestre op. 8 de Berlioz est tout aussi royalement servi par Julien Chauvin, co-directeur du Cercle de l’Harmonie, sonorité idéale, jouant un violon soyeux de 1757.
Et puis, sur un Érard de 1837, Bertrand Chamayou déploie dans le Premier Concerto de Liszt une imagination et une virtuosité doublées d’un goût musical irrésistible. Sous le titre le Paris des Romantiques, ce disque nous transporte dans un univers sonore et sensible absolument craquant.
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La splendeur d’Argerich
Martha Argerich – Lugano Concertos
4 CD Deutsche Grammophon 4779884
On ne peut pas s’en lasser. Chaque nouvelle publication de Martha Argerich vient nous rappeler la place prépondérante que l’immense pianiste tient dans notre vie musicale. Cette fois, avec tous ces partenaires qu’elle nous a si souvent révélés, ce sont des concertos qu’elle nous propose dans ce coffret de 4 CD Lugano Concertos.
Car il s’agit bien sûr d’enregistrements de ce festival où elle fait autant œuvre d’interprète que de révélatrice. Beethoven, Poulenc, Schumann, Prokofiev, Mozart, Liszt, Bartók, et puis le Divertissement à la hongroise de Schubert, les Liebeslieder-Walzer de Brahms, Noces de Stravinski et même Scaramouche de Milhaud. Tout un voyage fabuleux, avec des interprétations au sommet. Incontournable.
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| GĂ©rard MANNONI
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