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SELECTION CD |
20 avril 2024 |
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SĂ©lection CD, DVD et livres mars 2013 |
L’art de Cencic
Max Emanuel Cencic
Venezia
1 CD Virgin Classics 4645452
Il a donné au Théâtre des Champs-Élysées un concert exemplaire parfaitement à sa place dans la série des Grandes Voix. Max Emanuel Cencic est capable de relever tous les défis scéniques grâce à un vrai talent d’acteur, mais il a su également porter au plus haut niveau la technique d’agilité qui fit la gloire des castrats. Et cela avec un timbre particulièrement chaleureux et musical, comme cela a été souligné dans ces colonnes à l’occasion de son concert parisien.
Ce nouveau CD chez Virgin Classics nous le montre tel qu’en lui-même, virtuose avec goût, musicien par instinct. Il célèbre cette fois Venise, celle d’un XVIIIe siècle politiquement décadent mais artistiquement toujours riche en créations. Plus de dix opéras y voyaient encore le jour chaque année. Ceux de Vivaldi, bien sûr mais aussi de ses rivaux.
Aux côtés du Prêtre roux, nous retrouvons donc ici les airs très significatifs du style vénitien signés par Caldara, Porta, Gasparini, Giacomelli, Marcocchi, Sellito, noms dont plusieurs sont certainement à découvrir pour beaucoup. C’est un même amour de l’expression vocal par la vaillance, avec des scintillements agiles aussi fins et subtils que la décoration des verres de Murano.
On peut préférer une écriture moins sophistiquée, plus directement expressive, mais on résiste mal à ces chatoiements qui sont ceux de toute une civilisation qui nous fascine toujours. Très belle présence de l’ensemble Il Pomo d’oro de Riccardo Minasi.
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Une reine chez les reines
Joyce DiDonato
Drama Queens
1 CD Virgin Classics 5099960265425
XVIIIe siècle toujours, mais sous un éclairage différent. Joyce DiDonato a réuni un ensemble d’airs de reines connus ou moins connus, extraits d’opéras dont les compositeurs représentent plusieurs écoles et pas seulement celle d’une ville aussi prestigieuse soit-elle. Il y a bien les Italiens, de nouveau Giacomelli, mais aussi le Florentin Orlandini, le Vénitien très voyageur Giovanni Porta, un autre Florentin qui officia à la cour d’Innsbruck et à celle de Vienne, Pietro Antonio Cesti, et à leurs côtés, les très grands dont la notoriété a mieux franchi les siècles, Haendel, Hasse, Keiser, Haydn, Monteverdi.
Art du chant remarquable, avec cette voix de mezzo aux possibilités expressives plus vastes que celles de tout contre-ténor, grande femme de scène, Joyce DiDonato incarne toutes ces reines de légende, ces Cléopâtre, Iphigénie, Roxane, Octavie, Alcina, Bérénice, Armide et quelques autres, avec un exceptionnel sens de la caractérisation qui lui permet d’éviter toute monotonie.
Et elle sait émouvoir aussi bien dans le chant follement orné que dans celui plus calme du Piangero de Haendel. Une remarquable réussite, avec la complicité du Complesso Barocco d’Alan Curtis.
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La joie de chanter
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Operas arias, Gluck, Haydn, Mozart
1 CD NaĂŻve V 5264
Parcours en des terres plus souvent fréquentées mais toujours au XVIIIe siècle, dont voici encore d’autres aspects. La si intelligente et musicienne Marie-Nicole Lemieux, tempérament incroyable et voix au timbre si rare, reste dans le cadre plus convenu de l’Orphée de Gluck et de son Iphigénie en Tauride, dans celui des Noces de Figaro, de la Clémence de Titus et du Mitridate de Mozart par exemple.
Haydn et Graun sont aussi présents et on admire partout cet investissement généreux de la cantatrice qui communique un élan irrésistible à tout ce qu’elle chante. Chérubin lui convient moins qu’Orphée ou Sextus, la nature même de la voix plus à l’aise avec une théâtralité plus forte que les intimes confidences du jeune héros mozartien.
Mais quelle finesse dans Ombra felice du même Mozart ou dans le Sudò il guerriero de Haydn, où la qualité somptueuse des graves se déploie aussi bien dans de vaillants écart que dans les vocalises aux couleurs de bronze. L’art et la voix de Marie-Nicole Lemieux sont actuellement uniques en leur genre, un genre que l’on aurait pu croire en cours de disparition. Les Violons du Roy de Bernard Labadie sont des partenaires très à la hauteur.
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Un génial rebelle
Beethoven, Brahms, Debussy, Roussel, Ravel, Milhaud, TchaĂŻkovski
Devy Erlih, violon
Jacques FĂ©vrier, piano
2 CD INA MĂ©moire Vive
Ces deux CD publiés dans la collection Mémoire vive de l’INA viennent nous rafraîchir la mémoire sur ce très grand interprète du violon que fut Devy Erlih. Décédé accidentellement il y a un an, en février 2012, Erlih fut toujours, comme l’écrit Christian Merlin dans l’excellent texte d’accompagnement qu’il a rédigé, un insoumis.
Études chaotiques pendant la guerre au Conservatoire où les directeurs parviennent à le dissimuler à l’occupant, mais élève si brillant malgré ses révoltes qu’il passera ses prix officiellement dès la Libération. Dix ans plus tard, il remporte le Premier prix du Concours Long Thibaud avec le concerto de Tchaïkovski, enregistrement présent sur ces disques.
Immense tempérament, personnalité unique, il marque profondément tout ce qu’il interprète comme on peut le constater à nouveau ici dans des sonates de Beethoven, Brahms, Debussy, Roussel, Ravel, Milhaud, avec son partenaire Jacques Février et dans ce concerto de Tchaïkovski du Concours enregistré le 27 juin 1955, véritable pièce d’anthologie d’une incroyable charge émotionnelle. Une publication essentielle, témoignage incontournable sur l’art du violon.
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Valentino et Noureev
Valentino
Film de Ken Russel
Avec Rudolf Noureev, Leslie Caron, Michelle Philips et Carole Kane
1 DVD ou 1 Blu-ray BelAir Classiques
Publié pour la première fois en France en DVD et en Blu-ray, le Valentino de Ken Russell n’est pas un film de danse mais s’impose quand même comme un événement important parmi les manifestations marquant le vingtième anniversaire de la mort de l’illustre danseur. C’est d’ailleurs l’unique film de Noureev dans un grand rôle. Tout avait donc contribué de faire de sa sortie en 1977 un moment très médiatisé, les trois noms de Valentino, Noureev et Russell constituant une affiche exceptionnelle.
Chef d’œuvre ou objet culturel kitsch ? À chacun de savoir trouver son plaisir dans cette évocation onirique des années folles et d’une personnalité dont le nom a été immortalisé par les passions qu’il suscita. Il est certain en tout cas que tous les admirateurs de Noureev seront concernés par cette publication, car le grand danseur déchaîna autant de folies que l’illustre acteur.
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Puissance symphonique
Carl Nielsen (1865-1931)
Symphonie n° 2 op. 16 « les Quatre Tempéraments »
Symphonie n° 3 op. 27 « Espansiva »
Lucy Hall, soprano
Marcus Farnsworth, baryton
London Symphony Orchestra
direction : Sir Colin Davis
1 CD LSO Live LSO 0722
Avec les Symphonies n° 2 et 3, Sir Colin Davis et le LSO terminent leur intégrale live consacrée aux six symphonies du compositeur danois. On y retrouve toute la puissance de l’écriture symphonique de ce créateur mal connu chez nous, peut-être parce que difficile à situer de façon précise dans l’histoire de la musique. Né en 1865, mort en 1931, c’est un postromantique inspiré par son pays et sa culture, formé au conservatoire de Copenhague, mais dont la personnalité assez frondeuse et affirmée, aussi intellectuelle que sensible, contribua à brouiller un peu l’image que l’on a de son œuvre.
Lecteur passionné des grands auteurs, sa deuxième symphonie les Quatre tempéraments fut a contrario inspirée en 1901 par un peinture naïve vue dans une auberge et porte autant cette empreinte populaire que celle de la vaste culture du compositeur. La Troisième Symphonie, avec les interventions vocales de son Andante pastorale nous plonge aussi dans un climat très spécial, à la lumière étrange et assez irrésistible, à la fois dans l’esprit de l’époque et totalement personnel.
L’interprétation est ici convaincante à tous égards et devrait attirer vers cette musique des amateurs français toujours frileux face aux compositeurs scandinaves.
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Danser à l’Opéra
Isabelle Calabre
Je danse à l’Opéra
Illustrations de Princesse Camcam
1 album Parigramme
60 pages
Pas facile de réussir un livre sur la danse destiné aux enfants. C’est pourtant ce qu’est parvenu à faire Isabelle Calabre, qui connaît cet univers comme personne, avec ce très charmant Je danse à l’Opéra. Il s’agit en fait d’une découverte du monde la danse à l’Opéra de Paris par une petite fille de dix ans.
Avec des textes remarquablement écrits, bien documentés et d’une brillante intelligence, des illustrations poétiques juste assez naïves juste assez figuratives et vraies de Princesse Camcam, nous voilà entraînés dans les arcanes de ce monde mystérieux et irrésistible, depuis l’École de Nanterre jusqu’aux grands spectacles, en passant par les métiers qui les préparent, les multiples intervenants indispensables au travail et à l’encadrement de tout cet univers magique et hautement professionnel.
Histoire de la danse et des lieux, grandes figures de danseurs, rien ne manque, avec un didactisme léger, pétillant, qui séduit mais n’ignore pas pour autant les aspects très rigoureux de cet art impitoyable. À feuilleter de 7 à 77 ans, et plus si affinités !
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| GĂ©rard MANNONI
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