Quatuor Castagneri
Chant du Monde LDC 2781130 (Harmonia Mundi)
Choix logique que celui qui consiste ici à faire cohabiter Zemlinsky et Brahms, en raison des nombreuses correspondances stylistiques qui les caractérisent, notamment une même recherche de densité polyphonique et de demi-teintes. Les similitudes sont à ce point frappantes que l'on en viendrait presque à confondre les deux partitions, si ce n'est que le Quatuor n° 2 opus 51 de Brahms offre une maîtrise du langage plus aboutie. Il n'en demeure pas moins que l'oeuvre de Zemlinsky, en plus d'être une véritable découverte discographique, ruisselle d'inflexions mélodiques dont on ne peut que souligner l'extrême beauté : certains passages chromatiques trahissent même l'ombre de la révolution wagnérienne et annoncent déjà très clairement le premier Schoenberg, celui de La Nuit transfigurée. De Zemlinsky, on n'a longtemps connu que sa Symphonie lyrique ; depuis quelques années maintenant, des francs-tireurs, au premier rang desquels le chef américain James Conlon, tentent de redonner au compositeur la place qui lui revient dans l'histoire de la musique, au concert comme au disque. Cet enregistrement du Quatuor Castagneri prend naturellement place dans cet élan de redécouverte d'un patrimoine européen oublié. Les Castagneri avaient été révélés au public discophile il y a quelques semaines en entourant la mezzo-soprano française Sophie Koch dans son premier disque pour Chant du Monde ; ici, ils donnent la pleine mesure d'un talent qui repose sur une singulière alliance entre ardeur et intériorité.
| |
|