Le Bolchoï en majesté

La renaissance de la compagnie du Bolchoï n’est plus à découvrir. On peut en revanche regarder sans se lasser toute une génération de solistes du plus haut niveau dans un répertoire de plus en plus varié. Comme le Marco Spada que Pierre Lacotte avait remonté à l’Opéra de Rome en 1981 pour Ghislaine Thesmar et Rudolf Noureev, puis à l’Opéra de Paris.

En 2013, ce fut au tour du Bolchoï de l’inscrire à son répertoire. BelAir l’a filmé en 2014 dans une très belle distribution avec dans le rôle-titre l’Américain David Hallberg, ancien danseur principal de l’American Ballet Theatre et premier danseur non russe à porter le titre d’Étoile du Bolchoï. À ses côtés, la très belle Yevguenia Obratzova. Le ballet est plein de vie, de bonne humeur, de belle danse romantique, comme Pierre Lacotte sait mieux que quiconque la ressusciter. À noter qu’il existe aussi une captation en DVD de la recréation de Rome avec Thesmar et Noureev.

Quatre incontournables

Quatre titres incontournables du grand répertoire ont été regroupés en un coffret. Il y a d’abord une brillante approche de Casse-Noisette de Tchaïkovski-Petipa, enregistrée en 2010 avec le très virtuose couple Nina Kaptsova-Artem Ovchanrenko. On est dans la grande tradition du conte de et pour Noël, par des danseurs qui ont été élevés dans cette culture chorégraphique et musicale. Peut-être moins subtile que ce que propose l’Opéra de Paris, mais beaucoup de panache, de couleur et vitalité, sans la guimauve généralement à déplorer dans les versions anglo-saxonnes.

La Belle au bois dormant bénéficie d’un couple d’exception, celui composé par la totalement sublime Svetlana Zakharova et de nouveau David Hallberg qui y inaugurait son titre d’Étoile du Bolchoï en 2011 dans cette chorégraphie conçue cette année-là par Youri Grigorovitch. Zakharova est l’une des plus grandes danseuse du monde. Variations et pas de deux sont à regarder en boucle.

Couple tout russe pour Giselle, avec Svetlana Lunkina et le très romantique Dmitri Gudanov. La version est celle, originale, de Coralli et Perrot revue par Petipa, c’est-à-dire avec quelques ajouts et modifications et remontée par Grigorovitch. Enfin, une curiosité que l’on a vue à Paris récemment, Flammes de Paris, de Vasily Vaynonen, remonté par Alexei Rantmasky, ancien directeur du Bolchoï.

L’action se passe pendant la Révolution française de 1789, avec une intrigue un peu compliquée, mais de très beaux effets de masse et un pas de deux de très haute virtuosité qui fait partie des pièces préférées des danseurs pour leurs galas. Assez kitsch mais très divertissant.

Aux cotés de la célèbre et pourtant jeune Natalia Osipova, on trouve l’hyper virtuose Ivan Vassiliev, grand prix du concours de Varna, soliste de l’American Ballet Theatre, comparé souvent au jeune Barychnikov, et qui a maintenant quitté à grand fracas le Bolchoï pour devenir Étoile de la compagnie du Théâtre Mikhaïlovski. Créé en 1932 au Kirov de Leningrad, le ballet est un exemple historique de la grande danse russe de l’époque soviétique.

Cygne et illusions

Enfin, créé en 1976 et filmé en 2001 à l’Opéra de Hambourg, voici le Lac des cygnes selon John Neumeier, intitulé Illusions like Swan Lake. L’histoire est transposée dans l’univers de Louis II de Bavière et de ses fantasmes homosexuels en traitant notamment le thème du double, première expérience pour aller au fond de cette partition et de cette intrigue dissimulant la nature intime de Tchaïkovski. C’est magnifique à tous égard et somptueusement dansé.