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SELECTION CD |
18 avril 2024 |
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Carlo Gesualdo " O dolorosa gioia "
Concerto Italiano Rinaldo Alessandrini
OPUS 111 OPS 30-238
En fait, c'est l'image d'un Gesualdo débarrassé de sa noire légende que veulent accréditer Rinaldo Alessandrini et son équipe virtuose. Un Gesualdo dont le projet d'auteur n'est pas né que de l'ego tourmenté d'un isolé de génie traumatisé par ses crimes, mais est aussi la conséquence d'une démarche maniériste et chromatique présente, de toute façon, dans l'air du temps et dont les sources sont à chercher à Ferrare auprès de l'inventif Luzzasco Luzzaschi.
Le résultat tient dans ce portrait décapant qui fait de Gesualdo, non pas une " exception culturelle " dans le concert du temps, mais un créateur solidaire de tout un courant d'écriture où la stravaganza dissonante s'impose comme une fin en soi.
Dans cette vision d'une tenue musicale exemplaire, aucune complaisance pour le mal de vivre d'un artiste réputé " maudit ", mais une tentative d'explication d'abord musicale. Avec des choix d'interprétation très caractérisés : dilatation des tempi, de la durée, de l'espace sonore, force des fractures expressives et des contrastes rhétoriques (insoutenables Moro lasso et Se la mia morte brami, entre autres). Reste que dans cette quête lucide, la blessure intime du maniaco-dépressif est toujours désignée, révélatrice d'un comportement qui nous renvoie, quoi qu'il arrive, au cher docteur Freud. Avec son engagement et ses avancées, voilà sans doute l'approche la plus radicale à ce jour du " cas Gesualdo ", musique et psychanalyse intimement associées.
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| Roger TELLART
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