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SELECTION CD 19 avril 2024

Hændel cyclothymique



Face aux versions de références gravées par Gardiner ou Minkowski, l'Ensemble Orchestral de Paris a pris un sacré risque en se frottant à une oeuvre baroquissime : L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato. Malgré les efforts louables de John Nelson, le plus sérieux atout de cette gravure reste David Daniels.


Le 24/10/2000
Philippe VENTURINI
 

  • L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Hændel
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    L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato de Hændel
    George Frideric Haendel
    L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato
    Christine Brandes, Lynne Dawson (sopranos), David Daniels (alto), Ian Bostridge (ténor), Alastair Miles (basse), Bach Choir, Ensemble Orchestral de Paris, John Nelson (direction)
    1 coffret de 2 CD Virgin Classics 5 45417 2


    Lorsqu'il compose L'Allegro, il Penseroso ed il Moderato, en 1740, Hændel a quasiment abandonné l'opéra pour se consacrer à l'oratorio (il vient de composer Saül, Israël en Egypte et l'Ode à sainte Cécile, suivra Le Messie). Il se penche alors sur livret de Charles Jennens (Saül, Le Messie, Belshazzar) construit sur deux poèmes d'un John Milton de vingt ans, L'Allegro ed Il Penseroso, qui évoquent les chapelles et la campagne environnant Cambridge. Jennens fond ces deux caractères, le gai et le mélancolique, dans un perpétuel mouvement alternatif. Thèse et antithèse seront enfin réunis dans une synthèse raisonnable, typique du XVIIIe siècle, écrite par Jennens et appelée Il Moderato. Dans les deux premières parties, Allegro et Penseroso se répondent, prêtant leur voix aux solistes et au choeur. Dans la troisième, le Moderato seul a la parole, suivant le même procédé.

    Pas d'action dramatique, pas d'enjeu psychologique, même pas de rôle puisque les chanteurs passent indifféremment d'un caractère à l'autre, pas de fin heureuse : voilà de quoi décontenancer un maître du théâtre. L'Allegro se révèle pourtant une des plus indiscutables réussites de Hændel et convaincra sans peine les plus dubitatifs. Sa partition évite en effet les da capo obligés, les figures imposées et autres intrigues secondaires qui parasitent souvent ses opéras. Le compositeur met en valeur avec une science de la diversité (l'instrumentation, les rythmes, les silences) et une maîtrise formelle étourdissante (le Penseroso qui peu à peu prend le dessus) un texte admirable, panthéiste, presque préromantique où, derrière l'évocation des paysages ruraux et urbains, perce une réflexion philosophique aiguë.

     



    On l'aura compris, cette ode pastorale appelle une interprétation sensible et suggestive, colorée au pastel. John Eliot Gardiner (Erato) avait signé un de ses plus beaux disques voici vingt ans. John Nelson et son équipe de vedettes tentent de se montrer à la hauteur. Ne tergiversons pas : ils n'y parviennent pas. Par delà les beautés et insuffisances des uns et des autres, il manque avant tout à cet enregistrement un climat, une atmosphère, une continuité poétique. Le seul air que l'on peut humer est celui, peu sapide, du studio. La faute en incombe partiellement à John Nelson et à son orchestre qui font montre d'une souplesse toute relative (le sublime air Sweet bird, la sicilienne de l'air n°16, les rythmes pointés de l'air n°35) et peinent à s'exprimer à demi-mot. Inégal, le plateau vocal pêche par ses deux extrémités, la soprano Christine Brandes, vraiment trop rigide, et Alastair Miles, ridicule clabaudeur. Lynne Dawson laisse percevoir quelques traces de grippage dans son chant pourtant si tendre (n°19, n°28). Restent les deux vedettes masculines. Expressif et personnel, Ian Bostridge l'est sans conteste mais il frise parfois le narcissisme. David Daniels, à qui revient l'un des plus beaux airs de la partition (n°26 Hide me from Day's garish eye), justifie l'écoute de cet enregistrement.

     
    Philippe VENTURINI


     

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