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SELECTION CD 29 mars 2024

L'aigu au corps



Le nom d'Elena Mosuc fait maintenant régulièrement son apparition dans le monde lyrique. Ce récital vient à point nommé en donner les solides raisons : des airs périlleux que la soprano roumaine affronte crânement.



Le 19/01/2001
Yutha TEP
 

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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     L'aigu au corps

    RĂ©cital Elena Mosuc, soprano
    Orchestre d'Etat de Hongrie
    Jan Schultsz, direction
    Airs d'opéras de Charpentier, Gounod, Delibes, Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi, Mozart & R. Strauss
    Un disque Arte Nova 74321 73725 2


    Le label suisse Arte Nova a lancé une collection destinée à promouvoir des jeunes artistes, sous l'appellation “ Arte Nova Voices ”, les qualités de certaines recrues étant suffisantes pour que l'on salue cette initiative. Il faut cependant signaler que plusieurs noms ne seront pas inconnus du mélomane, s'agissant par exemple de Noemi Nadelmann, Musetta que le public français a pu entendre à l'Opéra Bastille, ou encore de Deon Van der Walt, ténor mozartien valeureux qu'un Harnoncourt a sollicité pour de nombreux disques Mozart ou Haydn. Plusieurs chanteurs ont fait leurs preuves sur la scène de l'Opéra de Zurich, qui s'appuie depuis quelques années sur une remarquable troupe vocale.
    Dans l'enregistrement présent, nous faisons la connaissance d'Elena Mosuc, soprano familière de Zurich, que, là encore, Paris a déjà accueillie, Donna Anna de très haute tenue dans la production de l'Opéra Comique en mars 1999 ; la chanteuse roumaine avait alors impressionné par des moyens vocaux que ce disque confirme. Mosuc est une colorature, mais contrairement à nombres de ses collègues “ pépillantes ”, son ampleur sur toute la tessiture, hormis peut-être un extrême grave un peu sourd, lui permet d'aborder des rôles de “ drammatico d'agilità ”. Le programme est significatif, qui fait la part belle à des pages où plane le souvenir illustre de Dame Joan Sutherland : "l'Air des clochettes" de Lakmé, le "Regnava nel silenzio" de Lucia ou le "Bel raggio lusinghier"de Semiramide la trouvent à son aise. Elena Mosuc peut compter sur un souffle long, bien maîtrisé. Vocalisant avec facilité dans Rossini, piquant les notes avec brio dans Delibes ou le "Caro nome de" Rigoletto, Mosuc possède aussi un legato qui lui permet de phraser très correctement le "Regnava nel silenzio". Seul le terrible "Martern aller Arten" la met en péril, mais qui ne le serait dans cet air éprouvant, bousculant la cantatrice sur toute l'étendue du registre et demandant une véhémence que la plupart des coloratures ne possèdent pas ? Mademoiselle Mosuc a du moins le mérite de traduire avec tranchant la révolte de la farouche Constance. Les réserves concernent une maîtrise stylistique encore insuffisante, qui l'empêche de singulariser chaque air, et une diction pas toujours compréhensible, ce qui est particulièrement fâcheux dans Charpentier, Gounod ou Delibes. L'allemand est satisfaisant, ce qui nous vaut un bel air de Zerbinetta. Signalons aussi que la chanteuse doit s'accomoder d'un accompagnement orchestral insignifiant, qui ne l'aide guère à varier les atmosphères. Certes imparfait, cet enregistrement est annonciateur d'un bel avenir.

     
     
    Yutha TEP


     

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