|
|
SELECTION CD |
27 avril 2024 |
|
Concertos de Grieg et Chopin |
Concerto en la mineur et 2e Concerto en fa mineur Orchestre Philharmonique de Rotterdam
Valery Gergiev, direction
Jean-Yves Thibaudet, piano
Edouard Grieg : Concerto en la mineur
Frédéric Chopin : 2e Concerto en fa mineur
Decca 467 093-2 DDD
Les deux Concertos de ce programme ne manquent pas de points communs : ce sont deux oeuvres de jeunesse – 21 ans pour Chopin et 25 pour Grieg -, empruntes du rythme et du caractère des danses populaires. Les deux furent également dénigrées et mésestimées à leur création pour la faiblesse de leur orchestration.
L'oeuvre de Grieg regorge pourtant de charme et séduit par ses influences schumaniennes et lisztiennes. Celle du polonais révèle une orchestration issue de son univers sonore pianistique qu'elle accompagne, et surtout éclaire.
Même si le soliste possède par essence un rôle prédominant, Jean-Yves Thibaudet n'abuse pas de sa prérogative de héros romantique luttant seul contre l'orchestre. Si son jeu ne manque pas de fierté, il est aussi emprunt d'une réserve signée dès les premières notes retenues de chaque Concertos – chacun débutant par un thème descendant en octaves.
Un crescendo progressif et souple appuyé de basses profondes et chantantes donne d'emblée le ton. Les deux Largo s'écoutent comme la lecture d'un journal intime, où l'artiste murmure ses courbes sinueuses et frissonne dans Chopin, soutenu par le trémollo sourd mais véhément des cordes.
La courbe est élégante et sans fioriture. Les accents populaires, le halling de la Norvège et la Mazurka polonaise des Allegro, sont par leur scansion rythmique, pleins de malice. La danse est entraînante, et volubile par les mouvements de vagues que décrivent les nuances.
Dans Chopin, l'orchestre épouse le phrasé du pianiste dans un dialogue complice et consommé. Valery Gergiev donne davantage de couleurs dans la partition du norvégien, surtout dans le Finale qui couronne avec verve et maestria une oeuvre de belle envergure.
L'écoute de ce disque transporte au coeur du romantisme scandinave et polonais. Si l'on trouvera plus de spontanéité chez Evgueny Kissin dans le 2e Concerto de Chopin, et plus d'impétuosité dans Grieg sous les doigts de Murray Perahia, la noblesse et l'intériorité de Thibaudet ne sont pas qualités négligeables pour découvrir de nouvelles facettes de chefs-d'oeuvre rabâchés.
| |
|
| | |
Concertos de Grieg et Chopin [ Toutes les parutions ] | |
|