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SELECTION CD |
26 avril 2024 |
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de Georg Friedrich Haendel Georg Friedrich Haendel
Cantates romaines :
Delirio Amoroso HWV 99
La Lucrezia HWV 145
Tra le fiamme HWV 170
Magdalena Kozena, mezzosoprano
Les Musiciens du Louvre
Marc Minkowski, direction
CD Archiv 469 065-2 DDD
Les cantates datant de la période romaine de Haendel ont été souvent gravées, mais peu de disques ont pleinement satisfait le mélomane, notamment la célébrissime Lucrezia, qui bénéficie tout de même de la prestation exceptionnelle de Dame Janet Baker, mais qui a vu récemment échouer, faute d'une connaissance suffisante du chant haendelien, une Eva Mei pourtant soutenue par les forces du Giardino Armonico.
Certes dûes à la plume d'un jeune compositeur, ces cantates contiennent déjà toutes les manières du grand homme de théâtre, et comme pour les chefs-d'oeuvre à venir, il faut une véritable personnalité vocale pour animer des pages parfois "légères". La sanglante Lucrezia, par exemple, malmène impitoyablement l'interprète sur toute l'étendue d'une tessiture ambiguë, à mi-chemin entre soprano et mezzo.
Avec son timbre relativement clair, Kozena est ici impériale, immédiatement tragique dès les premières notes de O Numi Eterni, désespérée dans l'air Gia superbo, d'une violence inouïe dans le Il Suo che preme, dont elle négocie les périlleux écarts avec une technique impressionnante. Dans la tempête comme dans l'affliction, elle réussit à maintenir une matière vocale superbe, ainsi qu'une ligne de chant de grande classe.
Reconnaissons qu'il lui aurait été difficile de contredire des Musiciens du Louvre plus percutants que jamais, aux sonorités somptueuses s'appuyant sur un riche continuo tour à tour sombre ou cinglant. Les mérites haendeliens de Marc Minkowski ne sont plus à vanter, qui, attentif aux moindres inflexions de sa chanteuse, caresse en orfèvre les lignes mélodiques ou brandit la foudre avec une vigueur que Jupiter n'aurait pas reniée.
Avec une véhémence moindre, la cantate Delirio Amoros nécessite la même versatilité dans les atmosphères que la Lucrezia, chanteuse et orchestre passant avec la même réussite de l'exaspération des sentiments à l'éloge suave des plaisirs amoureux, culminant dans un Per te lasciai la luce murmuré par une Kozena que l'on devine au bord des larmes.
Tra le fiamme est contemporain de La Resurrezione, faisant appel comme l'oratorio à une viole de gambe, ici celle éloquente de Juan Manuel Quintana ; dans ces pages, Kozena surpasse nettement en tenue Maria Bayo qui a enregistré la même oeuvre l'an passé. Bref, un grand disque qui sonne comme l'adéquation parfaite entre un compositeur, une interprète et un chef.
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