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SELECTION CD 24 avril 2024

Tout un orchestre au bout des doigts



Nikolai Lugansky vient d'être l'un des héros de la Folle Journée de Nantes. Après un disque remarquable consacré aux Études de Chopin, le jeune pianiste russe confirme sa verve phonographique avec Rachmaninov.


Le 12/02/2001
GĂ©rard MANNONI
 

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     RĂ©cital Rachmaninov

    Préludes - Moments musicaux
    Sergei Rachmaninov
    Prélude op.3 n°2- 10 Préludes op.23- 6 Moments musicaux op.16
    Nikolai Lugansky, piano
    1 CD Erato 8573-85770-2 DDD


    Depuis qu'il a triomphé à plusieurs reprises en récital en France, à Paris notamment, Nikolai Lugansky est devenu l'une des coqueluches de notre monde pianistique. Aux côtés d'Evgueni Kissin et de Boris Berezovsky, il représente incontestablement l'élite de l'école russe qui arrive à la trentaine et donc à la pleine maturité.

    Kissin, certes, fut un prodige international très jeune- trop jeune ?- tandis que les deux autres, même s'ils étaient à leur clavier dès l'âge de cinq ans aussi, ont eu des carrières au développement moins fracassant et surtout moins médiatisées. Trois tempéraments totalement différents, au demeurant, Kissin étant le plus inspiré et le plus imprévisible, Bérézovsky le plus virtuose dans la grande tradition lisztienne et Lugansky le plus romantique et le plus poétique.

    Ce disque Rachmaninov vient confirmer une saisissante technique fondée sur un rapport très en profondeur avec le clavier, laquelle lui permet de pratiquer le plus beau piano orchestral qui soit ; ce qui convient exactement à ces pages dans l'héritage direct de Liszt. Or Rachmanoniv a toujours du mal à s'imposer chez nous : on le considère avec une certaine condescendance et son excès de lyrisme choque, comme le fait celui de Tchaikovky, alors que ces deux compositeurs sont parmi les favoris des Anglo-Saxons.

    Sous les doigts de Lugansky, ces déferlements de notes sont pourtant chargés de toute une réflexion intérieure qui ne bride pas le lyrisme généreux de l'écriture ni ses vastes moments de rêve. Ce n'est pas un Rachmaninov "à effet" auquel la plupart des pianistes nous ont habitués, mais un post-romantique grand virtuose lui-même, doté d'une science instrumentale très complète qui est aussi l'une des armes imparables de Lugansky.


     

     

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