|
|
SELECTION CD |
02 mai 2024 |
|
Variations Goldberg de J.-S. Bach Variations Goldberg, BWV 988
14 canons sur les huit premières notes de basse de l'Aria des Variations Goldberg BWV 1087
Céline Frisch, clavecin d'après Silbermann réalisé par Anthony Sidey & Frédéric Bal
Ensemble Café Zimmermann :
Dominique Visse : Ténor
Pablo Valetti, Claire Cachia & David Plantier, Violons
Sabine Bouthinon, Alto - Petr Skalka, Violoncelle - Ludek Brany, Contrebasse
2 CD Alpha 014
Sur l'ensemble des compositions que l'on connaît, Johann Sebastian Bach ne brille pas pour son recours aux techniques de l'ostinato (ligne de basse répétée tout au long d'une pièce), si prisées de ses contemporains.
Comme contributions évidentes (mais parcimonieuses à l'échelle de son immense corpus), on retient évidemment la grande Passacaille avec son motif de basse hypnotique et la Chaconne pour violon seul où l'élément de basse devient virtuel car l'instrument ne peut le tenir.
Si ce n'est quelques usages dans sa musique vocale, Bach n'aura décidément pas été le champion de la basse obstinée ; mais il est vrai que la facilité n'a jamais été un penchant naturel chez lui.
Redécouverts en 1975, les 14 canons associés aux variations Goldberg constituent a contrario presque un pied de nez savant à cette technique de la basse " tête de mule " (dont l'Offrande Musicale avait déjà un dévoilé le procédé).
D'une même basse, Bach a édifié des minuscules pièces dont la géométrie totalement symétrique autorise des lectures dans tous les sens et en boucle infinie. La réalisation instrumentale n'étant pas spécifiée, les interprètes sont libres de leur créativité et ici, la qualité première de la réalisation du Café Zimmermann est ne pas avoir négligé la dimension humoristique de l'entreprise.
Impossible de ne pas noter le déhanchement de la basse, l'espièglerie des violons et de ne pas sourire au jeu de ces musiciens séquestrés volontaires dans leurs propres boucles musicales. Sans compter la conclusion en chansons dont les thèmes sont cités dans la dernière variation des Goldberg. Une occasion savoureuse de découvrir Dominique Visse à cheval sur les registres de ténor et contre-ténor.
Mais naturellement, ce sont les Variations Goldberg qui constituent la substance première de cet album ; un enregistrement qui vient d'ailleurs couronner plusieurs années de récitals pour la claveciniste Céline Frisch.
Ici, le chemin parcouru et la maturité acquise sont manifestes. Les tempi se sont assagis, et en même temps densifiés, alors que la variété d'ensemble est beaucoup plus sensible. Pourtant la caractéristique saillante de cette lecture reste son unité.
Même si leur majestueuse et volubile architecture le dissimule complètement, toutes les variations des Goldberg s'appuient sur une même basse dont le génie de Bach a su vaincre l'obstination. Toute la force de l'interprétation de Céline Frisch est de le faire sentir, de jouer d'un même souffle la partition comme s'il s'agissait d'une grande chaconne.
Typiquement, voilà une version qui n'est pas faite pour les écoutes comparées variation par variation, car prises individuellement et malgré le toucher souverain de la claveciniste, on trouvera souvent plus de qualités chez des maîtres comme Leonhardt ou Gould.
Mais comme ces tableaux que l'on apprécie qu'avec du recul, ces nouvelles Goldberg engendrent sur la durée leur propre profondeur de champs, un canon de la vertu pour le redoutable instrument soliste qu'est le clavecin.
| |
|
| | |
Des Goldberg canon | |
|