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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de la Traviata de Verdi mise en scène par Willy Decker et sous la direction de Carlo Rizzi au festival de Salzbourg 2005.
Salzbourg 2005 (6) :
Impitoyable compte Ă rebours
Anna Netrebko (Violetta) et Thomas Hampson (Germont).
Au milieu de nouvelles productions salzbourgeoises toutes décriées pour un aspect ou un autre, la Traviata confiée à Willy Decker tire son épingle du jeu par sa mise en scène en compte à rebours contre la mort, l'excellente direction de Carlo Rizzi et un plateau où la Violetta bouleversante d'Anna Netrebko brûle les planches.
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Plateau d'étoiles montantes ou confirmées, matraquage médiatique outrancier, retransmission en direct sur les ondes et le petit écran, préparation d'un CD et d'un DVD pour ceux qui n'auraient pas, malgré des tentatives désespérées, réussi à se procurer une place au marché noir, la nouvelle Traviata de Salzbourg restera le spectacle de toutes les convoîtises de l'été 2005.
Car s'il est un metteur en scène qui sait peindre les destinées féminines, c'est bien Willy Decker. Dans une scénographie épurée, limitée à un décor en demi-cercle et quelques sofas, l'Allemand envisage la Traviata comme un compte à rebours, comme la course de Violetta contre la mort. D'où l'omniprésence d'une horloge qui rapproche implacablement la dame aux camélias de sa tragique destinée, d'où aussi ces fleurs si colorées qui passent au noir et blanc lors de son renoncement au II. Chaque répit est de courte durée pour la jeune courtisane et s'achève par une impitoyable apparition de la mort, teintée d'éclairages latéraux très froids, sous les traits du médecin du dernier acte, qui hante la scène dès avant le début du spectacle, rideau déjà levé.
Telle Lulu – on repense à l'arène de Decker à la Bastille – Violetta est l'objet de tous les désirs, la femelle sublime et très garce après laquelle soupire une meute de mâles. Comme toujours, le metteur en scène sait ménager du cruel où l'on n'en attend guère – les matadors inquiétants et sadiques du bal ; la vision de cauchemar pendant le carnaval – et une direction d'acteurs très physique – les empoignades du père et du fils ; la scène d'humiliation, quand Alfredo plaque Violetta sur la table de jeu et lui enfile des dizaines de billets dans le corsage, la bouche et entre les jambes ; ou encore la déchéance de l'héroïne.
Jamais nous n'avions vu autant de mouchoirs envahir le parterre au troisième acte. Car il faut bien avouer que la Violetta d'Anna Netrebko est bouleversante. Il y aurait pourtant beaucoup à redire sur ce lyrique-léger souvent à court de souffle et contraint à des respirations peu orthodoxes dans le I : la nouvelle coqueluche de Salzbourg manque vraiment de corps dans le grave, et en bonne russe, d'italianità dans la ligne – des voyelles avalées, presque indifférenciées. Mais la personnalité, le timbre corsé, l'engagement et la beauté en scène, la finesse des intentions balaient les réserves – un Addio del passato de toute beauté, aux ineffables sons filés.
Rolando Villazon a lui aussi connu un véritable triomphe avec son Alfredo stylé, juvénile et fougueux, cent pour cent latin, y compris dans la chaleur d'un timbre qui n'est pas sans rappeler celui d'un Domingo. Le jeune Mexicain devra seulement canaliser un peu une exubérance qui l'amène à chanter souvent trop haut.
Dans une mise en scène traditionnelle, on ne croirait pas un instant au Giorgio Germont de Thomas Hampson, dont Decker sait transformer jusqu'aux défauts en qualités : tout plutôt que baryton Verdi, fâché avec le legato, l'Américain est un padre brutal et instable, incapable de contrôler ses accès de colère, un vieux beau pathétique et pitoyable.
Pour couronner une soirée d'opéra comme on aimerait en vivre plus souvent, l'excellente direction de Carlo Rizzi. Voilà un Verdi palpitant, sans molesse ni surexcitation, qui trouve le bon tempo et respire en permanence en tissant un écrin somptueux pour les chanteurs – des Wiener Philharmoniker en état de grâce. Une direction modérée dont les accents tragiques ne prennent que plus de relief – une scène chez Flora suffocante dans sa course au drame, une mort de Violetta saisissante.
Le tout valait bien une standing ovation d'un bon quart d'heure et promet un somptueux DVD d'opéra.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 27/08/2005 Yannick MILLON |
| Nouvelle production de la Traviata de Verdi mise en scène par Willy Decker et sous la direction de Carlo Rizzi au festival de Salzbourg 2005. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
La Traviata, opéra en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave d'après la Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Mozarteum Orchester Salzburg (musique de scène)
Wiener Philharmoniker
direction : Carlo Rizzi
mise en scène : Willy Decker
décors : Wolfgang Gussmann
costumes : Wolfgang Gussmann et Susana Mendoza
Ă©clairages : Hans Toelstede
préparation des choeurs : Rupert Huber
Avec :
Anna Netrebko (Violetta Valéry), Helene Schneiderman (Flora Bervoix), Diane Pilcher (Annina), Rolando Villazon (Alfredo Germont), Thomas Hampson (Giorgio Germont), Salvatore Cordella (Gastone), Paul Gay (Baron Douphol), Herman Wallén (Marquis d'Obigny), Luigi Roni (Docteur Grenvil), Wilhelm Schwinghammer (un cavalier), Dritan Luca (Giuseppe), Wolfram Igor Derntl (un serviteur de Flora), Friedrich Springer (un serviteur), Athol Farmer (un invité). | |
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