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SELECTION CD 19 avril 2024

Sélection Noël 2020



En cette année maudite qui aura marqué au fer rouge autant les artistes que le reste de la société, nous avons plus que jamais besoin de musique pour illuminer des fêtes de fin d'année qui risquent d'être particulièrement moroses. Faute de concerts, offrir des disques et des DVD sera sans doute un excellent refuge en attendant des jours meilleurs.
Joyeux Noël !
Aujourd’hui, Sélection Universal Music



Le 11/12/2020
Yannick MILLON
 

  • SĂ©lection Palazzetto Bru Zane et La Dolce Volta
  • SĂ©lection BelAir Classiques
  • SĂ©lection DistrArt Musique
  • SĂ©lection Universal Music
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      (ex: Harnoncourt, Opéra)


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     SĂ©lection BelAir Classiques

    Turandot – Bob Wilson





    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Turandot
    Iréne Theorin (Turandot)
    Raúl Giménez (Altoum)
    Andrea Mastroni (Timur)
    Yolanda Auyanet (LiĂą)
    Gregory Kunde (Calaf)
    Joan MartĂ­n-Royo (Ping)
    Vincenc Esteve (Pang)
    Juan Antonio Sanabria (Pong)
    Gerardo BullĂłn (Un mandarin)
    Chœur et Orchestre du Teatro Real
    direction : Nicola Luisotti
    mise en scène, scénographie & éclairages : Bob Wilson
    costumes : Jacques Reynaud
    préparation des chœurs : Andrés Máspero
    captation : Andy Sommer
    Enregistrement : Teatro Real, Madrid, décembre 2018
    Blu-ray BelAir Classiques BAC570


    Depuis que l’on a découvert sa Madame Butterfly qui tourne depuis bientôt trente ans à l’Opéra Bastille, on rêvait que Bob Wilson s’attaque un jour à Turandot. C’est chose faite dans ce spectacle madrilène qu’on devrait bientôt voir à l’Opéra de Paris. Une source de réjouissance, car bien autant que le Japon de Cio-Cio San, le fatras orientaliste de l’ultime opéra puccinien gagne à l’épure, à la stylisation qui sont la marque de fabrique du metteur en scène américain.

    Gestuelle étudiée, éclairages au cordeau, plus ouvragés encore que le travail corporel, jeux d’ombres, forêt de lianes, panneaux coulissants, trône céleste d’Altoum, ministres papillonnants tels le Mime Marceau, hiératisme des déplacements, gouttière blanche descendant au tomber de rideau sur une princesse de glace rouge sang, autant de magnifiques images transcendées par la captation HD d’un Andy Sommer plus posé qu’à l’ordinaire – et qui n’hésite pas à multiplier les plans d’ensemble. Un baume dans la vidéothèque puccinienne longtemps habituée à la production Zeffirelli encombrée du Met ou celle, passablement datée, de David Hockney à San Francisco.

    La production est par ailleurs remarquablement dirigée par Nicola Luisotti, loin de tout barnum et des débauches de décibels, avec sa part atavique d’italianità, beaucoup de nuances et les textures soignées d’un Orchestre du Teatro Real inspiré comme rarement – la lumière opalescente du lever de lune au I, en suspensions de cordes et de harpe quasi debussystes –, qui déteint sur un chœur très décent.

    Le plateau est plus contrasté. Yolanda Auyanet, avec une voix pas facile, est touchante en Liù écorchée qui a le mérite de tenter des piani. Beau port de statue, Iréne Theorin lasse par une émission marmoréenne, tous les aigus sur le même mode et grosso modo sur la même voyelle. Calaf XXL, très ému aux saluts, Gregory Kunde a le format d’un Turiddu : médium blindé, projection phénoménale, vibrato large et aigus électrisants – encore que Nessun dorma ne soit pas son meilleur moment. Notons enfin le Timur élimé d’Andrea Mastroni, trois ministres aux timbres bien assortis, ainsi qu’un Mandarin (Gerard Bullón) et un Empereur Altoum (le vétéran Raúl Giménez) impeccables.



     
    De la maison des morts – Frank Castorf





    Leoš Janáček (1854-1928)
    Z Mrtvého Domu
    Peter Rose (Goriantchikov)
    Evgeniya Sotnikova (AlieĂŻa)
    Aleš Briscein (Louka)
    Charles Workman (Skouratov)
    Bo Skhovus (Chichkov)
    Christian Rieger (le Gouverneur)
    Manuel GĂĽnther (Nikita)
    Johannes Kammler (Tchekounov)
    Kevin Conners (Chapkine)
    Matthew Grills (Kedril)
    Chor der Bayerische Staatsoper
    Bayerisches Staatsorchester
    direction : Simone Young
    mise en scène : Frank Castorf
    décors : Aleksandar Denic
    costumes : Adriana Braga Peretzki
    Ă©clairages : Rainer Casper
    vidéo : Andreas Deinert, Jens Crull & Stefanie Nirschl
    préparation des chœurs : Sören Eckhoff
    captation : Andy Sommer
    Enregistrement : Nationaltheater, Munich, mai 2018
    Blu-ray BelAir Classiques BAC573


    En créant une galerie d’écorchés-vifs qui prenaient aux tripes, Patrice Chéreau signait en 2007 une production quasi définitive de De la maison des morts (DVD DG). Depuis, on a pu apprécier en salle les approches antagonistes de Robert Carsen à Strasbourg et Krzysztof Warlikowski à Lyon. Et c’est avec d’autant plus d’intérêt que l’on accueille la publication du spectacle munichois de Frank Castorf, qui venait de dynamiter le Ring à Bayreuth. D’emblée, le style de l’ex-Berlinois de l’Est colle avec plus d’évidence à Dostoïevski qu’à la mythologie wagnérienne.

    Son décor, déjà, est un petit chef-d’œuvre en soi, structure carcérale sur tournette avec mirador, murs de barbelés et espaces réduits pour les prisonniers, où une vidéo en direct offre sur un écran en surplomb des gros plans de l’intérieur où défilent les détenus façon Nuit des morts vivants, déshumanisés, presque réduits à l’état sauvage. La seule distraction capable d’arracher un sourire dans cet univers sinistre est un clapier rempli de gros lapins.

    Captivant dans sa première moitié, le spectacle s’essoufflerait un peu à partir de la fameuse représentation théâtrale dans la cour, le sentiment de déréliction atteignant son acmé quand la pantomime de ce jour de fête pour les détenus a lieu sans leur présence. Mais c’est surtout le long monologue de Chichkov au III que le metteur en scène peine à incarner malgré la défonce d’un Bo Skovhus au crâne couvert d’énormes bubons.

    Reste le parti pris problématique sur l’adolescent Alieïa (soprano que Chéreau avait voulu ténor), dont Castorf fait un personnage féminin en costume à plumes, synthétisé avec l’aigle blessé du livret, anéantissant au passage le déchirement final du départ de Goriantchikov et la dimension filiale entre ces deux rôles masculins. Quelle drôle d’idée !

    Excellente distribution au demeurant, dont se démarquent le Skouratov au lyrisme désespéré de Charles Workman, le Louka génialement pointu d’Aleš Briscein et le Goriantchikov bonhomme de Peter Rose. En fosse, Simone Young prend le parti de la légèreté en lâchant du lest sur les répétitions forcenées, plus attachée à la variété coloriste qu’à une tension épuisante, avec un Orchestre de l’Opéra de Bavière chatoyant mais peut-être un peu court en arrière-plans.



     
    Falstaff – Laurent Pelly





    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Falstaff
    Roberto de Candia (Falstaff)
    Joel Prieto (Fenton)
    Christophe Mortagne (Dr CaĂŻus)
    Mikeldi Atxalandabaso (Bardolfo)
    Valeriano Lanchas (Pistola)
    Rebecca Evans (Alice)
    Simone Piazzola (Ford)
    Ruth Iniesta (Nanetta)
    Daniela Barcellona (Mrs Quickly)
    Maite Beaumont (Meg Page)
    Chœur et Orchestre du Teatro Real
    direction : Daniele Rustioni
    mise en scène & costumes : Laurent Pelly
    décors : Barbara de Limburg
    éclairages : Joël Adam
    préparation des chœurs : Andrés Máspero
    captation : Stéphane Lebard
    Enregistrement : Teatro Real, Madrid, avril 2019
    Blu-ray BelAir Classiques BAC477


    Si Turandot et surtout De la maison des morts n’égayent pas assez votre trêve des confiseurs, on ne saurait trop vous recommander le Falstaff mis en scène par Laurent Pelly au Teatro Real, spectacle impeccablement régi et sans prétention, à même de réconcilier modernistes et traditionnalistes.

    Le pancione, crasseux, s’y empiffre Ă  l’étroit dans un troquet miteux, dont les murs s’écarteront devant sa volontĂ© de grandeur, non sans rudoyer deux hommes de main loubards Ă  la petite semaine – la trogne quasi fellinienne de Pistola. De l’intĂ©rieur bourgeois des Ford ne reste qu’un double escalier oĂą se trame l’essentiel des vengeances par des commères sixties dĂ©licieusement veillottes – Alice est attifĂ©e comme Dolorès Ombrage dans Harry Potter – dĂ©passĂ©es d’une tĂŞte par ce grand cheval de Mrs Quickly. Aucune rĂ©volution donc, mĂŞme devant l’armĂ©e de clones de Ford pris d’hallucinations, mais une dramaturgie Ă  peine « upgradĂ©e Â», comme on dit dans la startup nation.

    Car nul élément essentiel du livret ne manque : paravent, panière à linge, forêt finale (un peu cheap il est vrai), la scène des fées introduite par cinq douches de lumière et une poursuite autour du rôle-titre. Preuve qu’il n’est pas forcément nécessaire de délocaliser l’action sur Mars pour susciter l’intérêt. Et ce d’autant que la mise en scène, millimétrée, fuse dans les gestes, les attitudes, l’occupation de l’espace et les changements de décors.

    Verbe haut et vif, Roberto de Candia offre une bonne alternative au Falstaff d’Ambrogio Maestri, plus mordant et central, falsetto, mezzo-carattere et vitesse de déclamation comme à la parade. Bravissimo ! Simone Piazzola révèle de très beaux moyens en Ford à l’aigu déployé. Un soupçon de rondeur et une intonation moins flottante ne nuiraient pas à la Nannetta pétillante de Ruth Iniesta, tandis que l’émission très latine de Joel Prieto fait merveille en Fenton. Rebecca Evans ne manque que d’un peu de fraîcheur pour être une belle Alice, face à la Meg fiévreuse de Maite Beaumont et la Quickly poitrinant avec classe de Daniela Barcellona.

    La fête est aussi à l’orchestre, que Daniele Rustioni veut leggerissimo, chambriste, sans le moindre effet symphonique rattachable aux tics du grand Verdi serioso. De la musique d’elfes pendant deux heures, des courbes affinées et quelques rares accords cinglants réservés au III. On regrettera seulement des ensembles staccato désynchronisés en première partie de soirée. Vétille au regard de pareille fête pour les yeux comme pour les oreilles.

     
    Yannick MILLON


     

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